Ditton Cross

Ditton Cross

Laurie Merciecca


I. Site et programme

Un enjeu de franchissement

En marge du tissus résidentiel périphérique de Liverpool et de la plaine agricole de la Greenbelt, le site du Ditton Cross est marqué par les grandes infrastructures de mobilité qui sillonne son paysage.

Comme on peut l’observer sur l’axonométrie paysagère, le lit de la rivière se heurte une des limites les plus importantes du lieu. Une butte de remblais traverse effectivement cette Greenbelt en soutenant la ligne de train de banlieue qui dessert les villes de l’entre deux métropoles. Un enjeu d’accessibilité se pose alors sur ce site.

L’intervention sur le chemin de fer fait partie d’un programme plus global de restructuration des lignes du Nord Ouest prévue par l’OLR. Cette organisation gouvernementale publique a repris la gestion de ces lignes lors de leur récente nationalisation qui fait suite aux déficiences de la compagnie privée Arriva qui s’en occupait jusqu’alors. Un budget spécial a été accordé à l’entretien des infrastructures et à la remise à niveau de lignes et de nouvelles dessertes. La construction du passage de la rivière à travers la butte de remblais offre alors la possibilité d’implanter une nouvelle station de train de voyageurs. Cette halte ferroviaire va profiter aux usages qui se développent le long du Ditton Brook, ainsi qu’à ceux plus proches, s’inscrivant dans l’épaisseur des tissus urbains et agricoles aujourd’hui peu desservis. Parmi eux, on retrouve sur le plan masse en figure 3 et plus largement en figure 1, les usages existants qui vont être valorisés, comme un étang de pêche de loisir, une ferme pédagogique et un lotissement de mobil-home. Un dessin de sols publics permet alors de mettre en relation deux niveaux de référence, celui des quais du chemin de fer et celui du niveau de l’eau. 

Un programme productif de distillerie de Gin profite de l’intervention plus conséquente de cette portion du parcours pour s’implanter et s’ouvrir au public grâce à la visibilité permise par la station de train. À l’interface de milieux agricoles et urbains, elle participe à l’évolution du secteur agraire régional en tirant partie de la plantation de bocages représentés en figure 4. Pour répondre à ses besoins de production, des arbustes de genévrier sont plantés dans les haies bocagères et le gain de productivité des cultures céréalières permis par l’agroforesterie permet de fournir l’orge, le blé et le seigle nécessaires à la distillation. Une serre au climat méditerranéen est également ajouté au programme afin de cultiver les botaniques sélectionnées pour entrer dans la composition du Gin que l’on peut retrouver sur l’herbier en figure 5.

La valorisation de ces différents programmes donne alors l’occasion d’établir un relais de mobilité. Les mobilités douces publiques, arrivant du Ditton Brook ou du tissu urbain au sud du site, croisent alors la ligne ferroviaire. On observe alors qu’un parking relais est implanté sur une friche en cours de renaturation. Un accès routier technique est également établie au nord du site, le reliant ainsi à une voirie existante qui rejoint l’autoroute un peu plus loin.

Fig 1. Axonométrie paysagère
Fig 2. Acteurs à l'origine du projet
Fig 3. Plan de masse

Fig 4. Principe d'un bocage productif

Fig 5. Botaniques produites dans la serre au climat méditerranéenne

II. Intentions architecturales et paysagères

Infrastructure paysagère et construction agricole

À la fois infrastructure et équipement, le bâtiment s’inscrit dans son environnement en suivant les lignes fortes du site. Les quais de trains s’installent le long de la voie ferrée. Ils sont posés sur un élargissement de la butte de soutènement existante qui est permise par la récupération des matériaux de remblais creusés lors du percement du pont. 

 

Le soubassement du bâtiment s’installe dans la direction de la rivière en élargissant ses berges pour offrir au public un rapport privilégié à l’eau. Il agit alors comme la pile d’un pont venant compléter la butte de remblais. En s’installant perpendiculairement à cette ligne ferroviaire surélevée qui forme aujourd’hui une barrière dans le paysage, le socle du bâtiment accompagne sur la longueur le franchissement de ce soutènement pour offrir différentes de qualités spatiales. On peut voir ces différentes séquences d’entrée sur le site sur les illustrations en figures 7 repérées sur l’axonométrie de la figure 6.

 

Sur la première illustration, on observe l’arrivée du public depuis le nord du Ditton Brook. Le socle se constitue progressivement. Il est d’abord annoncé par un muret, puis par une enceinte accueillant un jardin de plante où sont cultivées les botaniques plus résistantes au climat anglais. L’enceinte du jardin est constituée d’un côté d’une épaisseur maçonnée, où se loge des alcôves servant d’abri aux tables extérieures du bar de la distillerie qui sont illustrés sur la deuxième perspective. De l’autre côté, le jardin est protégé par la rampe d’accès aux quais de trains. Cette rampe, découpée dans le socle, peut s’observer sur l’illustration suivante et sur la coupe transversale de la figure 8. Elle monte le long du bâtiment de la distillerie offrant des vues à la fois sur la rivière en surplomb et sur les alambics Carterhead traditionnellement utilisés dans la fabrication du Gin. Si on revient sur l’axonométrie de la figure 6, on remarque qu’au Sud de la butte, la rampe d’accès est toujours découpée dans l’épaisseur du bâtiment, mais va venir prendre une autre forme. Elle s’enroule autour de la serre pour offrir une variation de paysages sur son parcours. Comme on peut voir sur la 4eme illustration cette rampe s’ouvre à la fois sur la serre, la rivière, et le grand paysage agricole. Elle permet d’aménager à mi-parcours un belvédère sur ce vaste tissus. Enfin, la 5eme illustration et la coupe transversale de la figure 9 illustrent plutôt les espaces d’attente liés aux quais de train. Ils vont se prolonger du niveau ferroviaire jusqu’au niveau de l’eau grâce à l’aménagement d’un parvi et d’emmarchement qui vient au plus proche de l’eau, et qui sera en partie protégé par le pont.

 

Le socle maçonné est ensuite surmonté en partie haute d’une charpente en bois, habitée par d’autres usages. La lecture infrastructurelle est alors hybridée avec l’écriture d’un édifice plus agricole induit par les usages de la distillerie et de la serre. Sur l’axonométrie plafonnante de la figure 10, vous pouvez remarquer que la charpente, en bois d’épicéa Sitka, est conçue selon un principe de portiques moisés. Cette technique nécessite une mise œuvre d’assemblages plus simples et permet une économie de matière par l’utilisation de sections plus fines, rendant ainsi possible l’emploi de bois massifs et limitant la consommation de colle et de résine polluante. Le soubassement exploite le réemploi d’agrégats de briques à travers diverses expérimentations sur la matière.. Un béton de brique, sablé sur les murs extérieurs, révèle la composition particulière de ce béton et constitue la structure verticale du socle. Les dalles de finition s’inspirent de la mise en œuvre de mortier de tuileau, appelé opus signinum par les Romains, et souvent utilisé comme revêtement imperméable. Cette technique traditionnelle donne également lieu à l’expérimentation d’un enduit intérieur vertical, constitué d’agrégat de brique et de mortier, et qui serait coulé entre le mur de béton isolé et une banche intérieure. Cet enduit coulé, est plus solide que des revêtements traditionnel, et va offrir une certaine pérennité face à des usages industriels pouvant provoquer des dégradations plus rapides.

Fig 6. Principe constructif et accessibilité

1. Arrivée depuis le Nord
2. Alcôves du bar depuis le jardin de plantes
3. Rampe le long de la distillerie
4. La serre depuis les quais
5.Cheminements en bord d'eau

Fig 7. Séquences d'entrée sur le site

Fig 8. Coupe transversale - Chambre de distillation

Fig 9. Coupe transversale - Montée vers les quais et descente vers la rivière

Fig 10. Axonométrie structurelle plafonnante

III. Fonctionnement et usages

Confluence de flux

La distillerie à la particularité de produire deux alcools, l’alcool rectifié servant de matière première à la deuxième distillation produisant le gin Gin final. Depuis plusieurs années, la production de cet alcool neutre à base d’un moût de blé, d’orge et de seigle, également appelé alcool agricole, était le plus souvent délocalisé pour des raisons économiques. Le retour de la production du gin sur son milieu agricole d’origine et la politique de relocalisation permet de renouer avec cette pratique.

On retrouve donc sur le plan niveau rivière de la figure 13, à l’ouest de la butte, les différents espaces de la chaîne de manutention, avec notamment : les chambres de fermentation et de distillation, l’espace de dilution et d’embouteillage. Cette chaîne vient se terminer au plus proche de l’accès routier technique. Le bar de dégustation, quant à lui, prend place à l’autre bout de cette chaîne, à l’ouest, pour pouvoir s’ouvrir dans le jardin. Entre les alcôves, on retrouve des espaces de stockages liés aux champs productifs. Des stock verticaux, qui vont plutôt prendre la forme silo, gardent au sec les céréales et tandis qu’un système se développant plutôt sur la longueur permet la réserve des baies de genévriers. Cette technique, inspirée des horréos galiciens, va permettre plutôt qu’un séchage au soleil à forte température, un séchage par une aération naturelle plus lente, qui est préconisé pour préserver l’arôme de ces baies. 

 

De l’autre côté de la butte, à l’est du plan, la serre botanique, que l’on retrouve également sur la coupe transversale en figure 15, profite du soleil du Sud Est pour être chauffée en partie haute et de l’inertie du socle maçonné pour stocker cette chaleur et garder le taux d’humidité nécessaire, suivant alors le principe des serres semi-enterrées traditionnelles.

Au niveau de la ligne ferroviaire en figure 14, le sol des quais publics se prolonge également à l’intérieur de la distillerie, offrant la possibilité d’établir une visite guidée de la distillerie. Ce parcours semi-public reste en surplomb des espaces de manutention ne perturbant ainsi pas la chaîne de production. Ce sol haut, est percé pour offrir la hauteur nécessaires à l’installation des colonnes des alambics, comme on a pu le voir précédemment sur la coupe transversale dans la chambre de distillation. Le bar, également, va se développer en double niveau pour profiter des vues et de la qualité spatiale apporté par le vide. Dans ce niveau de charpente, on retrouve des usages tels que des laboratoires de contrôle, d’élaboration de recette ou l’administration nécessitant une échelle plus domestique.

Pour conclure, l’ambivalence des façades longitudinales, que vous pouvez trouver en figure 16 et 17, permet de répondre à la diversité des paysages offerts par le site. Le rez de chaussé de la distillerie s’ouvre plutôt du côté nord en proximité avec les champs productifs, tandis que la rampe qui se dessine sur la façade sud permet de souligner le rôle infrastructurel du bâtiment.

Fig 11. Usagers du projet

Fig 12. Schéma de fonctionnement de la distillerie

Fig 13. Plan niveau rivière

Fig 14. Plan niveau ligne ferroviaire

Fig 15. Coupe transversale - Serre Botanique

Fig 16. Façade Nord-Est

Fig 17. Façade Sud-Ouest

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Ditton Brook, une infrastructure paysagère

Partie 1 : Ditton Brook

Alix Helmreich_ Laurie Merciecca

D’après des relevés effectués entre 1994 et 2004, la Mersey possède l’un des estuaire les plus pollués au monde en PCB (Particules polluantes persistantes qui se désagrègent très peu dans l’environnement). Afin de limiter la pollution de l’estuaire de manière efficace, la stratégie de gestion de la ressource hydrique doit porter sur la totalité du bassin versant pour remonter jusqu’à l’origine de la contamination. Ce plan de décontamination des eaux s’applique aux rivières les plus touchées du territoire dont le Ditton Brook est un exemple. A la friction entre les franges de Liverpool, Widnes et de la Greenbelt, il fait également l’objet d’une revalorisation paysagère et d’un support à l’évolution de la gestion de la ressource hydrique et agricole répondant ainsi aux paradoxes relevés sur le territoire.

Les potentiels d’action : eaux polluées et matières disponibles

Le relevé des rivières polluées et des ressources de matière de construction disponibles ont permis d’établir des potentiels d’action préalables. Ces prérequis rendent possible l’installation de dispositifs multiscalaire tant à l’échelle du territoire que du paysage et de l’équipement.

Fig. 1 Carte des potentiels d’action 

Trois étapes concrètes sont appliquées aux rivières polluées identifiées sur la carte du territoire. 

Dans un premier temps, le contrôle des eaux rejetées dans le réseau hydrique est renforcé par un système d’assainissement naturel des eaux grises ménagères et industrielles. Pour une épuration des effluents plus complète, des stations d’épurations existantes sont hybridées avec un système de lagunage. L’agriculture étant également un facteur de contamination, l’évolution du système agricole devient nécessaire et se concrétise par un développement agroforestier incluant la plantation de bocage et la diversification des cultures. Cette technique tendrait alors vers une diminution de la dégradation des nappes phréatiques et des eaux irrigantes. 

Ces dispositions sont complétées dans un second temps par des opérations ponctuelles comme le nettoyage des sédiments contaminés et par une filtration des eaux vives par un système de Watergate. 

Enfin, un programme de rempoissonnement est essentiel pour la régénération de la biodiversité des milieux aquatiques. Ce dispositif est complété par la requalification des berges de certaines rivières sélectionnées pour leur intérêt pédagogique et touristique.

Fig. 2 Etapes du plan de décontamination des rivières polluées

Les ressources géologiques et forestières définissent également un potentiel d’action notable. 

Les importantes réserves argileuses ont permis l’utilisation massive de terre cuite dans la construction depuis la révolution industrielle, formant aujourd’hui un gisement considérable. Les agrégats récupérés après abattage d’immeubles, sont réemployés dans du béton pour la construction de nouveaux bâtiments. Ce procédé constructif simplifie les étapes chronophages de tri normalement préconisée dans la construction en briques recyclées.

L’épicéa sitka, présent à 80 % dans les forêts productives britanniques, a été importé depuis l’alaska et introduit dans la région en 1931, préférant les territoires côtiers ou inondables. La gestion écoresponsable de ces forêts fait partie d’une volontée nationale de développement de la filière de la construction bois, soutenue par le label “grown in britain” et la promotion d’association tels que Confor mettant en réseau agroforestiers, scieries et charpentiers. 

 

Chacun des potentiels d’action identifié est utilisé pour la revalorisation des berges et pour la constructions des futurs équipements développés le long du Ditton Brook.

Fig. 3 Potentiel de la matière première

Fig. 4 Echantillon de matière d’inspiration romaine

Le Ditton brook comme figure d’exemple : Un maillage paysager

Le Ditton Brook, à la rencontre des franges de tissus résidentiels et de la Greenbelt, possède alors toutes les capacités pour résoudre localement les paradoxes territoriaux.

Il fait partie du paysage de la Greenbelt aujourd’hui marqué par de grandes infrastructures de mobilité telles le réseau routier, les lignes ferroviaires de fret et de voyageurs ainsi que les canaux d’irrigation. Mais ce maillage paysager ne permet aujourd’hui qu’une expérience à grande vitesse de ses sols.

Afin de rendre visible les vastes paysages agricoles aujourd’hui très peu pratiqués par les citadins, un parcours de mobilités douces ponctués par un chapelet d’usages se développe le long du Ditton Brook, devenant ainsi infrastructure paysagère à part entière. 

Récemment nationalisée suite à des problèmes de gestion, la ligne de train de voyageurs, distribuant les banlieues résidentielles entre Liverpool et Manchester, fait partie d’un plan de rénovation bénéficiant d’un budget spécial accordé par le gouvernement. L’interface entre le chemin de fer et les berges du Ditton Brook rendues accessibles donnera donc lieu à la constitution d’une nouvelle station ferroviaire.

En renforçant le maillage existant, ces dispositifs infrastructurels  rétablissent les relations d’interdépendance entre le grand paysage agricole et l’établissement urbain.

Fig. 5 Vue aérienne

Fig. 6 Photos de site

Un chapelet programmatique : une diversité d’usages

Le chapelet programmatique du Ditton Brook devient le moteur de l’évolution lente d’un paysage déjà en mouvement. La piste cyclable, qui relie les programmes et les tissus hétérogènes, est constituée par un stabilisé de brique. Elle débute par la rencontre entre deux parcs urbains et les bassins de lagunages qui complètent la station d’épuration de Halewood. Cette station de traitement des eaux hybride est ouverte au public dans un but pédagogique.

Ce cheminement de Liverpool à Widnes a pour but de sensibiliser les usagers à ces paysages interdépendants.

Fig. 7 Piste cyclable et chapelet programmatique

Fig. 8 Coupe A

Épaisseur des quartiers residentiels

 

La voie cyclable borde l’épaisseur des quartiers résidentiels, et invite à traverser la greenbelt notamment par l’installation de bornes de location de vélos afin de développer cette pratique soutenue par l’association Merseyside Cycling Campaign.

Fig. 9 Coupe B

Expériment

Un ruisseau se détachant du Ditton Brook est aménagé pour l’aquaculture d’alluvions destinés à être réintroduits en rivière ainsi qu’un étang consacré à l’élevage de poissons d’eau douce. Des bassins de rempoissonnement pour l’expérimentation et le développement larvaire sont également  développés au profit de la régénération de la biodiversité suite à la décontamination de la rivière. Associés à la maison de la ressource hydrique qui accueille laboratoires de recherches et administration politique, ces aménagements bénéficient d’un suivi complet.

Fig. 10 Coupe C

Bocage productif 

Alors que la nouvelle gestion globale du réseau hydrique et agricole encourage le changement d’activité des sols bordant les cours d’eau, les parcelles agricoles jouxtant le Ditton Brook seront plus facilement amenées à se transformer dans un premier temps par opportunisme foncier. La plantation de bocages productifs optimise les ressources du milieu, et garantit la qualité et la quantité de l’eau grâce à la capacité stockante et filtrante du système racinaire des arbres. Un programme de distillerie de Gin profite alors de ces dynamiques pour s’implanter dans ce parcours et cultiver céréales et baies de genévriers dans les haies bocagères. Pour permettre une mutualisation des efforts d’ouvrage, la distillerie s’implante au même niveau que la station ferroviaire, lui permettant également d’ouvrir ses portes au public.

Fig. 11 Coupe D

Parc urbain d’enfouissement

A l’approche de Widnes, la voie cyclable permet d’établir un continum entre de nouveaux parcs urbains s’installant sur trois sites d’enfouissement de déchets. S’éloignant de la route, elle offre une diversité de paysage en milieu urbain.

 

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Une reconquête des richesses post-brexit

Une reconquête des richesses post-brexit

Audrey Costella_Anaïs Gerland_Alix Helmreich_ Laurie Merciecca

Un Royaume-Uni boulversé

Le pays divisé par le Brexit

 

Notre découverte du territoire Mancunien est marquée par une multitude de bouleversements sociaux, économiques et environnementaux. Le vote pour la sortie de l’Union européenne en est la démonstration et révèle un Royaume-Uni fortement divisé. Il est la conséquence d’un désenchantement de la population. Pour pouvoir identifier les enjeux révélés par cette crise, nous choisissons d’élargir notre territoire d’étude initial et de nous pencher sur l’étude des trois comtés que le Manchester Ship Canal traverse: Le great Manchester, le Merseyside et le Cheshire. Elle révèle trois paradoxes.

Fig. 1 Comtés administratifs

Des paradoxes sociaux, économiques et territoriaux

Fig. 2 Paradoxe ville-campagne

 

Fig. 3 Paradoxe de la ressource hydrographique

Fig. 4 Paradoxe économique entre agriculture et biotechnologie

 

Le premier paradoxe de cette crise concerne un clivage entre les habitants de la ville et ceux de la campagne révélé par la disparité des votes du référendum du Brexit. Les comtés métropolitains ont majoritairement voté contre le Brexit. Ils profitent d’une économie extraterritoriale florissante et ont tout intérêt à encourager les politiques de libres échanges. En revanche, les comtés ruraux tels que le Cheshire ont voté pour le Brexit, leur  économie étant plus recentrée sur leur région. 

Le second paradoxe concerne la gestion de la ressource hydrographique. À l’heure actuelle sa gestion est globalement assurée par une grande entreprise privée, la United Utilities, mais qui n’a pas l’autorité compétente pour gérer les aménagements locaux. Le manque de coordination entre cette grande entreprise, les politiques locales et propriétaire privés induit un dysfonctionnement dans l’entretien du bassin-versant de la Mersey qui figure parmi les plus pollués du pays.

Enfin, le dernier de ces paradoxes concerne un clivage économique entre multinationales de laboratoires biotechnologiques et les agriculteurs. On retrouve des entreprises de biotechnologies extrêmement performantes qui profitent de gros investissements et d’un marché mondial. Au contraire, les agriculteurs présents sur le territoire dépendent de subventions, notamment assurées par la PAC (la Politique Agricole Commune) qui est sur le point de disparaître suite à l’annonce du Brexit.

Des richesses à reconquérir

Pour tenter de résoudre ces paradoxes nous avons effectué une analyse plus précise des richesses présentes sur le territoire. Dans une proposition manifeste de notre travail nous souhaitons explorer et relever leurs potentiels sous la forme d’un atlas cartographique. Il s’agit de chercher à expérimenter un nouveau cadre prospectif qui permettrait de mettre en valeur la complémentarité de l’arrière-pays et des métropoles, une revalorisation du territoire qui se veut hospitalière et équitable.

Cela passe par l’identification de l’ensemble de ses ressources et la décomposition de ses limites paysagères. On en retrouve ci-joint quelques extraits. 

Fig. 5 Ressource hydrographique

Fig. 6 Ressource agricole

Fig. 7 Ressource mobilité

Fig. 8 Ressource géologique

Fig. 9 Limite paysagère de la plaine

Fig. 10 Limite paysagère de la montagne

Fig. 11 Limite paysagère du littoral

Fig. 12 Limite paysagère de l’estuaire

Fig. 13 Limites paysagères industielles

Fig. 14 Limites paysagères résidentielles

Fig. 15 Limites paysagères des centres ville

Fig. 16 Les limites paysagères

Fig. 17 Atlas cartographique

L’ensemble de ce travail a conduit à la réalisation d’une carte synthèse. Il s’agit d’une retranscription sensible des richesses du territoire induites par l’ensemble de ses ressources et limites paysagères. Elle présente des richesses singulières qui doivent devenir les atouts de la région et remet donc en question les limites politiques actuelles. A partir de ce constat, notre stratégie consiste à s’engager dans un nouveau dessin des limites territoriales fédérées par ses ressources réelles. Cette superposition de limites permet de proposer un projet politique et de nouvelles dynamiques économiques. Suivant cette logique, une entité politique correspond à une entité territoriale et à ses limites géographiques. Elles se superposent et créent un ensemble d’épaisseurs. 

Fig. 18 Comment les limites redessinent le territoire ?

Pour entrer dans la résolution des paradoxes que l’on a identifié précédemment, on met en place deux institutions politiques s’appuyant sur trois axes : une meilleure gestion de la ressource hydrique, un renouveau du système agricole et une revalorisation des franges pour rééquilibrer ruralité et urbanité. Le thème de la gestion de l’eau adopte l’emprise territoriale correspondant à celle du bassin versant de la Mersey (fig. 19), tandis que l’emprise territoriale de l’agriculture est celle de la plaine agricole (fig.20).

Fig. 19 Des limites dessinées par le bassin versant

Fig. 20 .Des limites dessinées par la plaine agricole

La frange comme outil de réenchantement

Pour donner vie à ces nouveaux modes de gouvernance par les richesses, nous avons identifié deux sites à la croisée des caractéristiques relevées par nos paradoxes sociaux, hydrographiques et agricoles. 

Elles se trouvent toutes deux à la friction de grandes limites paysagères entre l’estuaire, la plaine et les franges urbaines.

Le Ditton Brook

La première situation concerne le Ditton Brook, un cours d’eau très pollué qui traverse la green belt entre la métropole de Liverpool et la ville moyenne de Widnes. Cette situation est quadrillée par des infrastructures de transports cloisonnant le paysage agricole. Ce site interroge la gestion de la ressource hydrique à travers des interventions de rayonnement régional.

L’île aux graines

La seconde situation identifiée concerne l’épaisseur dessinée par la Weaver River. Elle se trouve entre deux villes moyennes, Frodsham et Widnes, à l’interface avec la plaine agricole. Cette interface est l’opportunité de réinterroger la gestion de la ressource agricole et de sa politique.

Fig. 21 Explorer les interfaces par deux situations à projets

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Ditton Brook

La maison de l'eau
Ditton Cross

L'île aux graines


Le grenier
L'agrocité
L'école d'Agroécologie

Pour aller plus loin ...

Musée imaginaire

La biorégion, un outil de réflexion

L’ensemble de cette réflexion s’est vue dépendre d’un cadre de recherche plus large que celui présenté. Au cours de notre découverte du territoire, nous avons étudié l’outil de la biorégion, concept théorisé notamment par l’Italien Alberto Magnaghi. Objet de réflexion, la Mersey Urban Bioregion, nous a permis d’aborder le territoire à travers un nouvel imaginaire, celui d’une région définie par les limites de son bassin versant irriguant et fertile, créateur d’une nouvelle société.

Même si l’établissement de ces frontières franches a ensuite été dépassé par le travail de la frange énoncé précédemment dans une étude cartographique plus complète, cet outil politique nous a permis de construire un récit engagé. L’écriture d’un manifeste est ensuite venu affirmer des convictions. Il a servit de prémisse à notre stratégie et nous a permis de développer nos principaux courants de pensée. 


Fig. 22 

Inspirées de l'école de peinture anglaise

Fig. 23 L’or Noir

Fig. 24 L’or Noir

Fig. 25 La conquête des eaux

Fig. 26 La fabrique du monde