Le projet s’implante en bordure sud du site d’enfouissement de Arpley, entre la réserve naturelle de Moore, au sud et une large plaine agricole en bord d’estuaire, à l’ouest. Le site de Arpley nécessite, suite à son activité d’enfouissement, d’être stabilisé dans le temps sur une période d’environ cent à deux cents ans dans l’attente d’être à nouveau praticable. L’enfouissement a généré, depuis les années 45, une topographie artificielle étroitement surveillée par un système de drains et de forages.
Les pratiques de parc liées à l’ouverture de cette grande figure paysagère posent alors la question du bord, de la frontière avec ce site d’enfouissement. La réponse tient dans une problématique transversale à l’histoire de l’architecture : l’enceinte. Des enceintes romaines à l’œuvre de Vauban et plus récemment lors des conflits successifs, ce dispositif spatial place en étroite relation architecture et paysage. L’enceinte n’est ici militaire mais provient de l’aménagement nécessaire à la mise en œuvre d’un centre national de tir sportif.
Ce programme particulièrement actif en Angleterre nécessite de grandes surfaces paysagères, généralement excentrées des métropoles. Le caractère national de ce programme tend à conférer la dynamique nécessaire à l’émergence de la figure de parc métropolitain. Le site sera en mesure d’accueillir les douze disciplines olympiques de tir ainsi que de nombreuses pratiques amateurs.
La mise en œuvre de ce programme répond à une logique de monument horizontal, entre paysage et architecture. L’installation des différents pas de tir nécessite de grande levées de terre, selon des logiques de déblais-remblais. Les buttes de terre permettent d’une part de résoudre les contraintes balistiques du programme, et d’une autre part de fabriquer de larges glacis paysagés support au cheminement du sentier de grande randonnée.
La terre, matière primaire à l’origine de l’architecture des stands, devient le matériau porteur du projet à travers des maçonneries de terre coulée. Les planchers et les toitures fabriquent quant à eux de grandes horizontales de bois, en encorbellement sur ces architectures de terre.
La structure paysagère des butes de terre et l’architecture des stands confèrent au projet la radicalité formelle et la pérennité matérielle nécessaire pour inscrire le projet comme enceinte au site d’enfouissement de Arpley.