L’espace public à la hauteur du viaduc constitue une grande surface appropriable ponctuée de différents points d’accès, multipliant les parcours possibles. Une longue rampe longeant le projet permet de relier le rez-de-chaussée, avec un parcours fluide de l’espace public. Les percements des cages d’escaliers permettent un passage plus rapide d’un niveau à l’autre à tout moment du parcours. De part à d’autre, un garde corps permet de profiter des vues, mais aussi de ce qui se passe sur la rampe et en contrebas. Des bancs sont disposés sur la dalle béton pour bénéficier de cet espace de pause, entre attente du tram et contemplation du paysage. Les modules de bois fixés au dessus des dalles permettent ici d’apporter une cantine, des kiosques ou des cafés à emporter. Le skatepark et l’espace d’exposition extérieur participent également à proposer des programmes accessibles et profitables à tous, tout en restant démontables. Le parcours depuis le tram débouche sur un mur en verre profilé en u, qui offre une vue en plongée sur les offices religieux qui ont lieu en contrebas.
En effet, cette émergence qui ferme l’espace public, permettrait d’accueillir notre programme fédérateur : la salle de prière. Au bout de l’infrastructure, une variation des poteaux champignons, qui passent de 9 à 12m, permettent de créer un vaste espace hypostyle. La proposition à la ville de cette salle de prière est plus ancrée, puisque c’est un espace clos construit en dur, mais sa simplicité et son absence de symbolisme en font un lieu tout aussi appropriable pour d’autres usages, telle qu’une exposition ou une représentation qui demande davantage de hauteur sous plafond.
On entre dans la salle de prière depuis le rez-de-chaussée, qui offre deux espaces de transition, pour préparer son esprit à entrer dans un lieu loin de l’agitation de l’espace public. Les entrées des hommes et des femmes peuvent ainsi être différencié si l’en est coutume (pour les musulmans et certains juifs traditionnels par exemple). Ainsi, des salles d’ablution donnent sur ces espaces de transitions, afin de se préparer à la prière. Ces salles se trouvent au sein d’un bloc dur, permettant de bien marquer la séparation entre espace public et espace clos, et regroupant sanitaires, stockage et salles de recueillement individuelles. Le passage de ce bloc d’un seul niveau à la haute salle hypostyle se veut contemplatif, faisant lever le regard. Le plafond se dessine dans la complexité des sous-face champignons, créant un damier répondant à la lumière.
En face de l’entrée, la façade est complètement libérée d’ossature, et, avec des carreaux de verres autoportants opalescents, elle laisse passer la lumière et la silhouette des arbres du talus. Les autres murs de reglit se constituent d’une base en béton brut, qui coupent visuellement du passage des gens et des voitures, et fait venir la lumière d’en haut. Ces carreaux de verre opalescents permettent une ambiance lumineuse et intime à la fois, propice à la prière. La salle vit en fonction des jours de la semaine. Le vendredi, le culte musulman, le samedi, le culte juif et le dimanche le culte chrétien. Une différenciation de hauteur de sol permet, lorsque la tradition l’oblige, à séparer physiquement hommes et femmes en gardant un lien visuel. Ainsi, trois marches sont crées, la plus haute à l’extrémité de la salle, ce qui permet de placer l’autel ou la table de lecture. Quand il n’y a pas d’offices religieux, des rencontre inter-communautaires se créent dans ce lieu clos, où toutes les confessions sont les bienvenues. Le reste du temps, la salle reste un espace où l’ont vient prier, se recueillir, méditer, aux cotés d’autres croyants. Plus qu’une mosquée, une synagogue et une église placées cote à cote, ce lieu permet la véritable rencontre et cohésion des communautés pour l’utilisation de cet espace partagé.