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L’envers_PFE

L'envers

Pour un renouvellement urbain des quartiers précaires

Julie CHAMBAUD -Tanguy GUYOT - Marie LAUNAY - Maxime NEUVILLE - Violette SOLEILHAC

Face par laquelle il est moins fréquent de regarder quelque chose, souvent cachée. Intérieur laissant apparaître les coutures, la construction d’un objet textile.

source CNRTL

L’ objet textile c’est Manchester, Cottonopolis, ancienne puissance industrielle ayant décliné depuis, mais arguant un développement nouveau autour de la figure de ses canaux oubliés. La construction, elle a été portée par les ouvriers qui ont participé à l’apogée de ce territoire et qui souffrent aujourd’hui des crises qui les malmènent. Oubliés, ils le sont depuis plus longtemps que les canaux, toujours en marge de la ville, en dehors de la Cité. Quels sont les projets de la métropole pour ces derniers, rassemblés au sein d’habitations sérielles issues de la période industrielle ? L’attente, ou la démolition massive au profit de nouveaux projets urbains excluant toujours plus loin les minorités. Nous avons souhaité nous concentrer sur ces parties oubliées de la métropole, à la marge des politiques urbaines. Vous trouverez dans ce résumé la démarche que nous avons portée ce semestre et que nous souhaitons développer dans le cadre de notre Projet de Fin d’Études.

Précarité

Les coulisses de la fabrique métropolitaine

Devant la complexité de ce territoire, nous avons préalablement porté un regard statistique sur cette aire métropolitaine structurée autour des villes de Manchester et de Liverpool. Nous nous sommes très rapidement heurtés à la précarité de ce tissu anciennement productif. Le passé ouvrier et les multiples crises amorçant la déprise industrielle n’ayant épargné ni le territoire du Manchester Ship Canal, ni ses habitants.

On vit 7 ans de moins à Manchester que dans le reste de l’Angleterre. 

La cartographie de ces données fait ressortir des conglomérats de quartiers principalement urbains, isolés au sein d’un territoire très hétérogène. La figure de l’archipel a ainsi été un outil pour qualifier ces isolats du territoire où la vie est particulièrement plus dure. Ces problématiques nous ont permis de cartographier des maux principalement urbains, se concentrant dans et autour des deux métropoles jumelles : Liverpool et Manchester. La figure du Canal est secondaire dans le cadre de cette analyse, ne concentrant pas ces aires urbaines multidéfavorisées et ne nécessitant pas une urgence d’action.

Back to Health, Back to Earth

La seconde couronne mancunienne entre oubli, désintérêt et pression foncière

La cartographie de ces difficultés sociales sur la métropole mancunienne fait ressortir la seconde couronne de la ville. Le système de santé est déjà bien constitué, néanmoins on peut aujourd’hui questionner son implantation et sa présence au sein des tissus les plus défavorisés. Les problématiques de santé dans ces quartiers sont principalement chroniques et questionnent sur une présence à plus petite échelle du système de santé. Une action plus générale du système de santé portant sur le bien-être en ville et en même temps plus localisé, permettrait de désengorger les services-hôpitaux aujourd’hui exsangues. Nous avons donc cherché à qualifier ces tissus précaires entourant la ville de Manchester et nous nous sommes rapidement rendu compte que ces aires urbaines correspondaient aux tissus historiques des Terraced Houses, maisons ouvrières en bande construites dans les 1900. 

“ Trente ou quarante manufactures s’élèvent au sommet des collines (…). Autour d’elles ont été semées comme au gré des volontés les chétives demeures du pauvre.” Alexis de Tocqueville, «Oeuvre complètes: Voyages en Angleterre, Irlande, Suisse et Algérie», Manchester, le 2 juillet 1835

Aujourd’hui, seules les chétives demeures du pauvre restent là. Les industries sont parties. Les ouvriers restent. On parle souvent de l’héritage industriel pour le patrimoine qu’offrent les sites de production, mais rarement de ce que cette industrialisation a produit en matière d’habitations et de mode de vie.

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NHS, CLT, ...

Des acteurs contre l’inaction et la dégradation au
sein des quartiers défavorisés

“Le parlement doit maintenant organiser le Brexit samedi afin que nous puissions passer à d’autres priorités, telles que le coût de la vie, le système de santé, les crimes violents et notre environnement.”

Boris Johnson, sur twitter, après l’accord conclus avec l’Union Européenne le 17 octobre.

Le “dévolution act”, mis en place en févier 2015, est un accord de décentralisation historique et expérimental avec le gouvernement afin de prendre en charge les dépenses et les décisions en matière de santé et de service sociaux dans la région de Manchester. Dans ce cadre un budget de 6 milliards de livres est accordé au Greater Manchester. Un budget de 450 millions de livres est alloué aux fonds de transformation. Il peut être un outil de projet. Un Community Land Trust, appelé en droit français organisme foncier solidaire, est une personne morale à but non lucratif ayant pour objet de détenir la propriété de terrains sur lesquels des logements sont bâtis, et ce afin que ces derniers restent perpétuellement à coût abordable, et nettement inférieurs au prix du marché. En dissociant le sol du bâti présent en son sein, le CLT permet de lutter contre la gentrification et de conforter les populations déjà présentes sur son territoire. Il peut progressivement prendre de l’importance et passer d’un outil de gestion à un outil de projet, au service de la communauté. Ces deux acteurs, parmi d’autres, nous montrent que l’on peut agir au sein de ces quartiers.

Terraced Houses

Pertinences et Limites d’un modèle anglais 

Ce modèle d’habitation sériel laisse peut ressortir les symptômes de la précarité en façade et dans l’espace public. C’est pourquoi nous avons cherché, à travers l’exercice du récit fictionnel à qualifier la vie quotidienne de ces habitations. Nous y avons confronté un arpentage photographique scientifique, montrant la récurrence de ces habitations avec des brèves fictionelles, révélant l’envers de ces façades, le quotidien de ces populations. Ce récit renvoie aussi bien à la qualité des logements qu’au cadre de vie, à l’environnement qu’aux politiques gouvernementales. Il amorce autant de pistes programmatiques possibles pour répondre à ces problématiques du quotidien. 

Nous avons choisi de documenter ces maisons ouvrières en bande, construites lors de l’essor industriel afin de loger la forte demande de main-d’oeuvre nécessaire à la ville. Il nous semblait donc primordial de mener un travail d’analyse d’archives in situ puis de redessin de ces typologies datant pour certaines d’avant le 20 ème siècle. Ces constructions se démarquent aujourd’hui par la pérennité de leur système constructif et la simplicité de leur plan, mais nécessitent d’être requestionnées à l’aune du 21ème siècle. Elles offrent une densité de 80 lgts/ha, très pertinentes, équivalentes à des ZACs actuelles (50 lgts/ha – grand-ensemble). Le bâti génère une échelle humaine très intéressante et offre de réels espaces extérieurs aux habitations. Back yard et Front yard, dans certains cas, offrant une réelle plus-value à ces logements de 20 à 30 m2.

Néanmoins, bien que les typologies soient toujours d’actualités, elles sont trop récurrentes et demandent des variations pour répondre à la complexité des modes de vie actuels. Le modèle est directement touché par la précarité énergétique et sa rénovation nécessite d’être pensée. L’université de Manchester étudie dans le cadre de recherches universitaires les potentiels systèmes d’isolation pouvant être mis en place, ainsi que leur pertinence économique. Il est nécessaire de pallier l’insalubrité des venelles et des espaces extérieurs privés, encombrés de déchets, et insalubres.

Quartiers défavorisés, Quartiers oubliés ?

Histoire arpentée du tissu de terraced houses de Manchester

En arpentant ces quartiers en marge de la dynamique métropolitaine nous nous sommes rendu compte de la polysémie de cette précarité. Néanmoins, leurs formes sont toutes étroitement liées. La précarité est historiquement enracinée dans ces habitations ouvrières, mais le tissu urbain a connu selon les quartiers des évolutions variées. Nous avons pu noter des situations subissant une pression foncière forte et une gentrification massive, comme Holt Town ou Charlestone. Ces quartiers sont ou ont été en grande partie démolis et reconstruit au profit d’une population plus aisée, souvent de manière moins dense. Cela est dû à leur proximité avec des aménités paysagères, souvent la présence de l’eau, permettant de valoriser des espaces publics et un cadre de vie nouveau. La gentrification de ces quartiers s’accompagne d’un exil des populations les plus démunies en marge de la métropole, accentuant la ségrégation spatiale que connaissent ces populations. La situation de Partington en est le témoin, créée suite aux politiques de slum clearence des années soixante. D’autres situations comme Langworthy ou Eccles, ont connu des modifications plus opportunistes et basculent progressivement dans des processus de renouvellement urbain, profitant de leur proximité et de leur connexion à des axes métropolitains. Moss Side brille de par son immuabilité. Une grande partie du quartier reste telle qu’elle a été livrée en 1900, en dehors de toute politique urbaine.

Pathfinder

Tabula rasa 

L’âge d’or de l’industrialisation a demandé un essor constant de la main-d’oeuvre. Pour ce faire, ville et industriels ont construit ensemble des quartiers entiers, à bas coûts, pour subvenir aux besoins d’hébergements de Cotonnopolis. Les logements construits, souvent dos à dos (Back to Back), étaient trop petits pour accueillir l’ouvrier et sa famille et leur organisation ne permettait pas d’assurer des conditions d’hygiène acceptables. Une première politique de démolition a eu lieu dans les années soixante, dites de «slum clearence», détruisant ces taudis ouvriers et interdisant par la même occasion de fabriquer le modèle dit Back to Back. Ces quartiers ont été reconstruits, suite à leur démolition, au profit d’habitations collectives. Ces dernières ont également été démolies au tournant des années 2000, trop stigmatisées par des années de ségrégations. Seuls les modèles construits plus tardivement au début du 20ème siècle persistent aujourd’hui, ces derniers proposant un accès au tout-à-l’égout, des logements traversants ainsi qu’un accès à des espaces extérieurs. Ils sont aujourd’hui menacés par la politique du Pathfinder, souhaitant renouveler la seconde couronne d’habitat de la ville. Un des objectifs de ce programme et de dédensifier ces quartiers, arguant «3 logements démolis pour 1 construit». La reconstruction de  ces emprises s’accompagne souvent d’une gentrification brutale et d’un exil des habitants.

1951-2019

La résilience des figures paysagères face à
l’extinction d’un modèle d’habitat

Nous avons choisi de nous concentrer sur le quartier de Moss Side pour montrer la pertinence que peut avoir une action localisée au sein de ces quartiers défavorisés hors des politiques urbaines. Sa construction historique laisse apparaître la place qu’elle prenait anciennement au sein d’un système bien plus large d’habitats ouvriers, démolis dans les années quatre-vingt-dix. En dehors de cette démolition massive, seuls des projets opportunistes ont pu se développer, profitant souvent de la libération de grands tènements fonciers comme le centre de dépôt de bus de la ville de Manchester ou l’ancien stade de football de la ville. De grandes figures paysagères structures les abords du quartier, ces propriétés anciennement exclusives à la couronne sont aujourd’hui de vraies attractivités métropolitaines, associées au sport, à l’événementiel ou à des équipements universitaires. On voit apparaître des plus petits espaces publics au coeur du quartier, créés ou plutôt issus de la démolition occasionnelle de terraced houses. Ces espaces offrent aujourd’hui des qualités certaines ainsi que des spécimens végétaux remarquables mais ils manquent d’un réel dessin et d’une relation qualitative avec l’existant.

Oportunités

Le déjà-là comme support d’une stratégie

L’inventaire des opportunités foncières souligne la diversité des espaces latents que contient le quartier de Moss Side. Cet inventaire révèle l’attention particulière que l’on porte au contexte afin de pouvoir y développer des interventions pertinentes, permettant de fédérer différents acteurs. Différents fonciers apparaissent comme pouvant porter une action immédiate. Nous avons fait le choix de laisser les éléments les plus facilement constructibles aux acteurs privés et nous choisissons de concentrer la réflexion sur des figures plus complexes, requestionnant les terrains issus de démolition et les limites entre propriété publique et privée. Ces situations permettent de développer des liens plus fort avec les acteurs déjà présents et permettent de jouir d’une diversité programmatique nécessaire au portage de nouveaux projets dans ces quartiers difficilement attractif. C’est ce qu’on appelle les singuliers, c’est l’exception au sein de la trame, là où il parait nécessaire de concentrer les efforts. D’autres fonciers apparaissent dans cet inventaire, plus épars, auxquels s’ajoute une certaine vacance au sein des terraced houses. Ces éléments, que nous appelons les communs, sont difficilement porteurs d’une stratégie globale mais ils peuvent ponctuellement amorcer une évolution d’îlots de maisons en bande. Il ne sont pas pour autant secondaires et sont au cœur de la mutation de ce quartier.

Plan de recoupement

Un dessein pour Moss Side

Les actions ponctuelles portées par ces singuliers permettent progressivement le renouvellement du quartier de Moss Side. Les micropolarités que l’on met en place viennent s’agréger autour de Claremont Road. Cet ancien axe commerçant au sein du quartier ouvrier avait perdu de son dynamisme et n’avait plus de rôle structurant. Nous proposons de lui redonner une place centrale, à travers la création d’une ligne de Bus et le retraitement de ces espaces publics. L’amélioration des connexions et le dynamisme nouveau, portés par les singuliers permettent de réactiver les rez-de-chaussée de ces rues, pouvant évoluer au grès des opportunités en lieux tertiaires. Depuis cet axe, des transversales sont mises en place afin de connecter le coeur du quartier aux structures paysagères voisines. Ces dernières permettent de requestionner ponctuellement la place du piéton et des mobilités douces au sein du quartier. Ces transversales sont liées à la mise en place des singuliers et sont valorisées par ces derniers, mais peuvent être mises en place préalablement. Ces interventions s’accompagnent de la mutation progressive des îlots de terraced houses, profitant des micro-opportunités foncières pour retraiter au cas par cas les problématiques d’insalubrité et générant des micros espaces publics au sein de ces tissus d’habitations denses. C’est l’action des communs. Elle est plus permissive, demandant moins de dessin et suit des prescriptions que nous avons détaillés dans le cadre de notre travail. Ces règles sont pensées comme un nouveau socle réglementaire spécifique à ce quartier permettant l’action en son sein et améliorant son attractivité.

Prescriptions

Des outils de projet pour intervenir à
toutes les échelles

Axe 1 : Restructuration des axes principaux. 

La première intervention est une requalification de Claremont road. L’objectif est de réaffirmer son rôle central dans l’organisation du quartier en y ajoutant entre autres une piste cyclable et une voie de bus. Cette place centrale est un rôle qu’elle a longtemps joué, en témoigne les typologies de maisons en bandes avec commerce en rez-de-chaussée dont aujourd’hui une partie non négligeable est fermée. Cette intervention vise à leur redonner un nouveau souffle et de créer le terreau nécessaire à l’implantation de divers programmes. Cette rue relie deux grands axes structurants à l’échelle de la métropole et vient être ponctuée de respirations qui viendront faire l’état de requalification. Dans un second temps d’autres axes dits « transversaux » seront, à leur tour, mis en valeur avec, notamment, l’ajout de piste cyclables. Ces derniers relieront Claremont road aux grandes figures végétales du quartier et traverseront notamment les singuliers. Ces deux interventions ont pour objectif de recréer un maillage à l’échelle du quartier de Moss Side et de le relier aux grandes figures et équipements marque du territoire. Ces restructurations sont aussi l’occasion d’amorcer une mutation dans le quartier en y ajoutant les infrastructures pour les mobilités douces, mais également de la végétation et des surfaces perméables.

Axe 2 : Requalification des espaces du quotidien

 

L’évolution du quartier a beaucoup changé depuis sa création au début du XXème siècle. La voiture puis la gestion des déchets ont tour à tour pris beaucoup de place au détriment du piéton et de ces usages qui ont aujourd’hui une place extrêmement résiduelle. Encore une fois, pour répondre à ces problématiques nous avons proposé plusieurs stratégies. La première action est la mise en place de « commun » dans des opportunités foncières : dent creuse ou une maison à vendre. Il s’agit d’un espace public de proximité, du quotidien. Concrètement il vient supporter la gestion des déchets, sous terre ou non, aérer le tissu pour redonner des qualités aux venelles arrière. Ils peuvent accueillir des aires de jeux, des espaces couverts ou tout autre aménagement utile aux habitants. La seconde action est la restructuration des rues ou une place plus importante est donnée à la végétation, mais aussi aux piétons. Chacune de ces voies passe à sens unique avec une bande perméable qui vient accueillir de la  végétation et repenser le stationnement. 

Axe 3 : Programme d’amélioration / renouvellement du bâti

Intervenir à l’échelle du foyer est indispensable pour répondre au plus près aux maux qui touchent ce quartier. Il apparaît alors essentiel de ne pas considérer ces maisons comme une bande, mais comme une multitude d’individualités : la terraced houses. Ces dernières qui ont plus d’une centaine d’années ne sont plus adaptées aux enjeux de notre époque aussi bien thermiquement, qu’à travers l’invariabilité des typologies où la place importante des poubelles et des voitures. Elles ont néanmoins de grandes qualités comme la densité : 80 logements par hectare, leur prix rapporté aux surfaces qu’elles proposent avec un extérieur. Notre action est une ébauche de règle qui permet à tout propriétaire, investisseur d’améliorer son habitat, fusionner des maisons, surélever, tout en servant de garde-fou pour perpétuer ce qui fait la beauté et la poésie de ce quartier.  Les règles urbaines ne sont pas homogènes sur tout le quartier, mais sont propres à chaque îlot et le référentiel est la maison historique. (Hauteur de cheminée, corniche, largeur… ). La nécessité de conserver un accès sur la ruelle arrière est affirmée afin de valoriser cette circulation au coeur de notre projet.

La création de ces stratégies nous a conduits à une nouvelle figure : l’îlot. En effet pour répondre à toutes ces problématiques cette forme urbaine, addition de deux bandes et d’une venelle, nous semble être l’échelle la plus appropriée pour répondre aux problématiques. Le nombre varie, mais elle correspond à une cinquantaine de maisons en moyenne. En fonction des opportunités, chacune des actions pourra être réalisée ensemble ou séparément. La figure finale conserve les qualités originelles du quartier comme sa densité, son aspect sériel tout en remettant le piéton et la végétation au cœur du quartier. Chacune des actions est complémentaire des autres, mais peut aussi être pensée séparément. Le résultat est une pièce urbaine très permissive permettant des interventions très ponctuelles tout en leur redonnant une unité autour d’une figure urbaine commune. Elle réaffirme l’appartenance et la fierté des habitants à leur rue, leur îlot et leur quartier.

Conclusion

Un urbanisme d’opportunité

Notre projet ce veut être la réponse à ces situations en dehors des politiques urbaines du Greater Manchester. Nous cherchons à montrer que l’opportunisme n’est pas une fatalité mais peut être une réelle stratégie portée aussi bien à l’échelle urbaine, qu’architecturale pour lutter contre la gentrification (pression foncière) massive que connait la seconde couronne de Manchester. Nous plaidons en faveur de processus alternatifs portés à plus petite échelle et permettant de répondre plus durablement au renouvellement urbain, tout en confortant les populations déjà en place et en initiant une mixité sociale. Nous sommes persuadés que l’échelle du quotidien peut être porteuse de l’innovation souhaitée à travers le décentrement des politiques initié à Manchester par le gouvernement Britannique, tout en initiant un nouveau regard bienfaisant sur ce patrimoine méconnu de la période industrielle, les terraced houses. Nous souhaitons avant tout révéler le potentiel qu’abrite ces situations oubliées, et le formidable horizon des possibles qu’elles peuvent accueillir. Nous sommes convaincus que dans des contextes opérationnels toujours plus complexes, nos professions doivent se positionner pour faire projet sur tous les territoires, quels que soient les acteurs, ou les moyens mis à disposition pour ce dernier.

 

Pour découvrir les singuliers développés individuellement parcourrez la carte. Chaque bouton renvoie vers un lien du projet situé. 

Centre des Ressources

plan de regrpmt base

#1 – Claremont Road

Centre des ressources

Accompagner Moss Side

Le programme « dévolution act » du NHS  montre que le gouvernement tient à décentraliser de manière expérimentale les prises de décisions en matière de santé et de services sociaux avec spécifiquement un budget de 450 millions de livres pour les transformations urbaines. Si le NHS est alors, d’une certaine manière, le premier acteur du renouvellement de Moss Side, il semble essentiel d’inscrire de nouveaux acteurs sociaux, politiques et citoyens porteurs d’une possible régénération urbaine, locale et participative.

Ce premier singulier sera en grande partie le travail d’un nouveau CLT (Community Land and Trust cf. stratégie commune) engagé par les habitants de Moss Side et soutenu par les politiques publiques comme le Manchester City Council, le Great Manchester Combined Authority et d’autres. Cet acteur, ce groupe d’acteurs localisés, aura pour premier objectif de lutter contre l’inaction et la dégradation au sein de son propre quartier. 

La création du centre des ressources est alors un point de départ. Un lieu où les ressources sont mises à disposition par tout un chacun au service de l’auto construction. Un point de rencontres, d’actions, pour et avec les habitants, à l’échelle du quartier.

Centre des ressources

113 Claremont road, Manchester


Ressource : Moyen permettant de se tirer d’embarras ou d’améliorer une situation.

Deux entités s’approprient le foncier historique des terraced houses afin de mettre en commun ces ressources. D’une part, la ressource comme moyen de se tirer d’embarras au sein de la maison du CLT, un édifice à usage social. D’autre part, la ressource comme moyen d’améliorer son quotidien au sein d’une ressourcerie collective, un édifice plus technique. Ces deux édifices prennent place de part et d’autres d’une place publique, couverte où les deux façades mettent d’une certaine manière en abîme leurs ressources respectives. D’une part, la ressourcerie fait émerger un grand échafaudage où les matériaux sont stockés. D’autre part, la maison du CLT libère en façades, selon les niveaux, de grands plateaux libres à l’usage des habitants. En considérant ces usages distincts, chacun des édifices réinterprète l’histoire du site en scindant ses volumes au regard de l’ancien cadastre. Ainsi chaque unité d’ancienne terraced houses développe des qualités distinctes aux grès des fonctions. 

Si les façades intérieures du projet visent à faire vitrine, la façade sur rue se veut plus discrète, à l’image des pignons de terraced houses  elle est en grande partie aveugle et tente de révéler par sa structure en bois massif l’organisation des volumes. Le revêtement lui aussi interprète de deux manières distinctes l’identité des édifices. D’une part le remplissage en brique de réemploi, d’autre part le polycarbonate qui révèle les matériaux de la ressourcerie comme un remplissage à part entière. 

Logement passerelle

141 Hartington street, Manchester

Il est essentiel de ne pas considérer ces maisons comme une bande,  mais comme une multitude d’individualités : la terraced house. Une ressource à part entière dont les qualités doivent être préservées tout en s’adaptant à un nouveau siècle. Une  ressource commune, un refuge parmi tant d’autres, à disposition de son propre quartier. Pour être à l’abri, pour évoluer, pour se réchauffer, être en sûreté. Ce logement passerelle est mis à disposition par le CLT et géré au quotidien par le centre des ressources. 

La terraced houses est alors mise à disposition des habitants lors des périodes de rénovation de leur propre logement. Le temps d’une isolation, ou après les aléas d’un incendie deux familles peuvent s’approprier deux logements distincts. L’objectif n’est pas d’imiter la terraced houses mais de prendre appui sur un déjà-là en en conservant le maximum. Les logements démontrent alors que le modèle de la terraced  houses peut être réinterprété tout an gardant ses qualités initiales : accès distinct des logements, ouverture sur la venelle arrière, espaces extérieurs, échelle domestique. 

Cette restructuration du bâti historique nous amène à penser certains micro aménagements qui accompagnent la vie quotidienne et font la particularité du tissu des terraced houses. On imagine par la suite qu’une seconde terraced houses pourrait être investie, mitoyenne ou non de ce logement passerelle, dans la création d’un commun au service de la vie collective. 

Projet suivant : La maison de santé augmentée

Notice – Imaginaire