La Ferme Expérimentale

Bergerie et Atelier de Filature

ROCHER VICTOR 

Projet de fin d’études – EVAN – 2020

Contexte

En Angleterre, depuis le XVII ème siècle, l’agriculture est délaissée au profit de l’industrie qui accroît sa dépendance alimentaire auprès de ses colonies. Suite à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, les 45% de viandes importées et 33% exportées par an vont fortement impacter les modes de consommations des Anglais. 
 
Aujourd’hui, l’agriculture évolue. Ce n’est plus une agriculture qui se place au bord de la ville, mais une agriculture qui est désormais prise spatialement à l’intérieur d’elle. Ces espaces deviennent de véritables parcs agricoles qui structurent la ville et participent à leur possible autonomie alimentaire. 
 

C’est dans le but de protéger la frange qui s’articule autour de la Mersey, qu’un complexe agricole comprenant une bergerie et un atelier de filature vient se développer qui transforme le parcours de golf en prairies. L’ensemble du complexe voit le jour grâce à la mise en place d’un bail écosystémique par la municipalité sur cette parcelle. 

 

Le retour aux taxes douanières ainsi que la baisse des exportations et de la pratique du golf entraînent la création d’une coopérative agricole municipale. L’évolution des pratiques agricoles implique une diversification des métiers et l’émergence de circuits courts entre producteurs et consommateurs. 

Cela entraîne la création de fermes d’un nouveau type, plus ouvertes, plus polyvalentes et qui accepte de mélanger activités agricoles et urbaines en un même lieu.  

Avec plus de 60 races de moutons différentes, l’Angleterre est le premier producteur ovin d’Europe. Le travail de la laine était l’artisanat le plus raffiné du pays. Certaines régions vivaient économiquement à 50% grâce aux toisons. Cette valorisation de la laine a cependant été négligée pendant des décennies. Récupérer les tontes des moutons est naturel et exemplaire en terme de développement durable.

Malgré la suppression à court terme des subventions de la part de la PAC (Politique Agricole Commune), le gouvernement britannique a mis en place depuis 2016 des aides agro environnementales pour le financement, le développement et le maintien des terres biologiques et des élevages ovins.

Présentation du site

La Ferme Expérimentale se développe sur 120 hectares dont 62 de cultures (orge, maïs, blé) et 58 de prairies. L’enjeu est d’ouvrir les prairies sur les quartiers résidentiels bordant la Mersey, en créant un véritable lieu de promenade. Les prairies ouvertes partagent donc l’activité agricole avec les promeneurs.

Implantation

De manière à ne pas urbaniser le cœur de l’ancien golf pour ne pas favoriser l’expansion urbaine ni favoriser son potentiel foncier, les nouveaux édifices s’implantent sur des dalles de parking existantes, en lien direct avec l’orientation du club house et des accès déjà présents. Également en lien avec les infrastructures déjà présentes (échangeur, autoroute, parking relais et Metro Link) qui sont des supports importants de déplacement domicile travail.

Mise en oeuvre

Le travail des deux édifices s’intéresse aux archétypes de la ferme traditionnelle anglaise en se réinterrogeant sur la forme, la matière et les usages et en s’adaptant au contexte. Les deux édifices ont une écriture qui parait modeste, qui répond à des besoins techniques et pratiques liés à une activité : à savoir une forme et un plan simple. C’est l’idée d’une économie de projet aussi bien dans la construction que dans l’évolution du bâtiment qui prend en compte les déchets et le réemploi de matières dans la construction en adaptant une démarche locale.

Dans un souci de simplicité des usages, une trame structurelle est créée sur l’ensemble des deux bâtiments. L’ensemble des matériaux utilisés est issu de fabrications locales (scierie à Trafford, fabricant de béton à Eccles, Tôle de réemploi à Stockport) et les machines pour la filature du nord-est de l’Angleterre (225km).

C’est une mise en œuvre simple, voulue et assumée, pour une construction du gros œuvre réalisée par des entreprises spécialisées, alors que le second œuvre peut lui être réalisé par les coopérateurs eux-mêmes.

Béton
Bois
Tôle
Filature
Bergerie

2023 : Bergerie

A l’entrée du complexe vient se développer la bergerie. Elle sert pour la stabulation des moutons durant la période hivernale ainsi que pour le stockage des machines, des ballots de laine et l’alimentation ovine. Elle vient s’implanter sur une dalle de parking existante dans la continuité de l’ancien club house. La forme vient s’adapter au contexte par sa toiture. L’idée est d’exploiter les hauteurs sous toiture : stabulation et stockage du fourrage en hiver, stockage de la laine et du fourrage en été.

2025 : Réhabilitation

Une fois la bergerie construite, les bâtiments existants subissent une réhabilitation afin d’être adapter aux nouveaux usages à savoir le séchage de la laine et la gestion de la coopérative. L’ensemble s’apparente aux fermes traditionnelles anglaise orientées vers une cour centrale, ici le jardin du berger. 

2028 : Filature

La filature vient se développer parallèlement à l’autoroute sur une dalle existante. C’est la vitrine du projet vu depuis le contexte. Une transparence est créée en résonance avec l’activité des mobilités exercée par l’autoroute et le Métro Link en lien avec le mouvement des machines à filer. De l’autre côté, des ouvertures donnent sur les prairies afin de garder une cohérence entre l’élevage des moutons et la valorisation de leurs toisons en fils.

L’idée est de séparer la fabrication du produit et le public. La partie supérieure s’inscrit dans la continuité des bâtiments existants. 

2030 : Interventions

Un ensemble d’interventions vient être construit ponctuellement afin d’assurer l’activité en cas de crues de surfaces. Ces interventions sont visibles en parcourant les prairies. Un franchissement entre les deux berges, des bergeries mobiles et le Tire Laine sont donc créés. 

Les abords de la Mersey
Les berges de la Mersey