Portrait d’une métropole diffuse
Afin de se donner un support à ces expérimentations, c’est donc vers la ville de Karlsruhe que l’on se tourne. Une fois placée dans ce scénario de crises à répétitions et de fuites, s’intéresser à cette ville allemande nous apparaît comme l’occasion de revoir l’organisation du territoire en fonction de ses caractéristiques.
Hors temps de crise, la ville de Karlsruhe est une métropole frontalière composée de 310.000 habitants. En terme démographique, la ville projette une augmentation de 30.000 habitants d’ici 2030. En réponse à cette densification prévue, Karlsruhe souhaite contenir l’expansion et l’étalement urbain en définissant des aujourd’hui une limite claire à l’emprise de la ville. On imagine alors aisément que la densification prévue sera verticale. Néanmoins, cette évolution démographique de la ville dépend en majeure partie de la politique migratoire allemande. Provenant de pays tels que la Turquie, l’Italie ou encore la Roumanie, on peut supposer que ces migrations cesseront avec le scénario mis en place.
De par sa situation géographique, la ville de Karlsruhe est une métropole frontalière qui, aujourd’hui déjà, est sujette à des mouvements pendulaires très forts et des mouvements de populations caractéristiques du territoire transfrontalier. La ville de Karlsruhe se situe sur un vaste réseau ferroviaire et autoroutier la plaçant au point de rencontre de plusieurs pays européens avec le reste de l’Allemagne. Elle est également tout autant connectée à son territoire proche avec son système de transport très développé sous la forme d’un Tram-train desservant toute la région depuis l’hypercentre. Karlsruhe apparaît alors comme une métropole ultra connectée tant internationalement que localement.
De par sa connexion à son territoire proche, l’emprise de la ville peut être revue en fonction du Tram-train. On l’a vu, la ville veut limiter son expansion et on observe déjà une densification périurbaine plus ou moins contrôlée le long de ce réseau. Comparable à l’exode projeté, la population de la métropole correspond plus à la somme de ces petites et moyennes villes qui jalonnent le dessin du réseau de Tram-train et propose une connexion forte avec l’hypercentre. Un endroit où s’observe cet exode et cette extension annexe de Karlsruhe correspond aux différentes vallées dans lesquelles s’enfonce le Tram-train. C’est notamment dans la vallée de l’Alb ou celle de la Pfinz que l’on trouve des petites et moyennes villes qui se sont développée en fond de vallée, proche d’arrêt de Tram-train. Ces différents regroupements de population sont aujourd’hui comparables à des extensions directes de Karlsruhe à la manière de quartiers toujours très connectés.
Ainsi, Karlsruhe apparaît comme une métropole diffuse. En y appliquant notre scénario, à l’échelle internationale, on peut aisément imaginer que cette image pourrait être fortement remise en question. Quant à l’échelle locale, cette image pourrait être seulement altérée.
De ce fait, on pourrait imaginer de renverser la tendance démographique que projette la ville et aller vers une dédensification forte au niveau de l’hypercentre sous la forme d’une fuite de la densité redessinant la ville de demain. Du côté du périurbain, la fuite de la ville, guidée par le Tram-train, trouverait une finalité sous la forme d’une densification d’un nouveau genre, soucieuse des nouveaux questionnements relatifs au scénario.