Le paysage énergétique de la Mersey

Le paysage énergétique de la Mersey : La décentralisation, un vecteur de reconquête des berges

Thomas CHABERT – Renaud MANZI – Rémi MORISSET – Marie ROUX-BLONDELET

Le paysage
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Le paysage de l’estuaire de la Mersey : un territoire énergétique hors norme

L’estuaire de la Mersey, en Angleterre, présente un paysage énergétique hors du commun qui interpelle immédiatement l’architecte. Les installations de production d’énergie, avec leurs formes imposantes et parfois mystérieuses, dominent le paysage. Ce territoire, marqué par l’empreinte de l’industrie, témoigne de l’histoire de la production énergétique centralisée.

La centralisation de la production d’énergie : un héritage du XXe siècle

Le XXe siècle a été marqué par une production énergétique centralisée, symbole de puissance et de grandeur. L’estuaire de la Mersey, avec le développement du Manchester Ship Canal (MSC) en 1894, a vu ses berges confisquées et privatisées par les industries. Le paysage a été transformé par un réseau complexe de conduits, de fils, de câbles, ainsi que par d’immenses raffineries et centrales thermiques.

Aujourd’hui, ce paysage énergétique et industriel forme un ensemble continu, excluant tout usage public. Paradoxalement, ce modèle de production énergétique est en voie d’obsolescence, notamment en raison de l’épuisement des ressources fossiles et des enjeux liés à la transition énergétique.

Une vision prospective de la production énergétique : vers un nouveau modèle de paysage

La transition énergétique offre une opportunité unique de repenser le paysage de l’estuaire de la Mersey. Le modèle énergétique dominant, basé sur les énergies renouvelables à grande échelle, ne résout que partiellement les problèmes.

Bien que la fin de l’exploitation des ressources fossiles soit une avancée, ce modèle perpétue une logique industrielle mondialisée. Les infrastructures requièrent l’exploitation de ressources rares à l’étranger et la construction de nouveaux réseaux de transport d’énergie, avec un impact significatif sur le paysage.

De plus, la production d’énergie renouvelable à grande échelle est consommatrice de foncier et génère des déchets importants, notamment en raison de la faible durée de vie des équipements.

Stratégie territoriale : la décentralisation au service du paysage

Face à ces enjeux, une stratégie territoriale s’impose pour transformer le paysage énergétique de l’estuaire de la Mersey. La décentralisation de la production d’énergie est une solution prometteuse pour créer un nouveau partage du paysage énergétique.

Le paysage
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1. Le partage de la production énergétique

Une production diversifiée, adaptée à son contexte, permet de répartir la charge d’exploitation des ressources nécessaires à la production des infrastructures énergétiques.

2. Le partage du paysage énergétique

La répartition diffuse des infrastructures énergétiques à plus petite échelle permet à chacun de prendre conscience de sa consommation et de son impact sur l’environnement. L’objectif est de rendre la production appropriable et identifiable à l’échelle collective et individuelle.

3. Le partage des emprises

La décentralisation de la production d’énergie permet de rendre les terrains plus accessibles. La production d’énergie devient superposable, ce qui limite l’expansion urbaine sur les terres arables et la création de zones hermétiques. Le paysage urbain et énergétique se reconstitue grâce à l’hybridation de l’architecture et des infrastructures.

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Une nouvelle approche du paysage énergétique

Cette nouvelle approche du paysage énergétique passe par une requalification des berges du canal et de l’estuaire. Des friches industrielles, des infrastructures obsolètes et des terrains inexploités peuvent être transformés en espaces publics, offrant de nouvelles perspectives sur le paysage.

Des projets tels que la réouverture du Saint Helen’s Canal, la transformation des docks de Weston Point, l’hybridation du parc énergétique de Frodsham, la dépollution de la rivière Gowy à Stanlow et la réappropriation des berges à Eastham témoignent de cette volonté de reconnecter les habitants avec leur environnement.

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