Les docks de Weston Point

Thomas CHABERT - Renaud MANZI

Le quartier de Heath et sa frange industrielle

Situé à l’est de Runcorn, le quartier de Heath, dans lequel nous nous implantons est un quartier majoritairement industriel comprenant des zones résidentielles. La frange industrielle située en bordure du canal établit une frontière entre les habitants et la Mersey en privatisant les berges. A l’intérieur de cette frange on retrouve deux entités principales : l’incinérateur de déchets de Runcorn au nord et l’entreprise Ineos au sud.

5500 habitants vivent dans ce quartier de Runcorn et 2000 s’y rendent quotidiennement pour venir travailler dans les différentes industries situées dans un rayon de 500 autour du projet.

Entre ces deux entités, on retrouve le site de WESTON POINT, constitué par les anciens docks emblématiques de Runcorn. Ils sont obsolètes à cause de leurs dimensions et ne sont donc que partiellement utilisés par une entreprise de logistique. Bien que le reste de cette parcelle de 14 hectares qui appartient au groupe PEEL soit inoccupé et à louer, il n’est pas accessible au public.

Nous avons donc identifié ce site comme une réelle opportunité de créer une brèche dans le continuum industriel, et de redonner un accès aux berges afin d’y établir des usages publics. Le projet cherche toutefois à cohabiter avec les logiques industrielles en place et propose de nouvelles hybridations prônant une mixité d’usages et permettant d’établir un deal avec PEEL garantissant la réalisation des projets.

FIgure 1 : Axonométrie de site

Stratégie de projet

Pour cela, le projet se compose d’une partie infrastructurelle répondant à la nécessité de donner accès au site, avec la prolongation d’une voie de chemin de fer, qui s’arrête actuellement devant l’incinérateur et la construction d’une passerelle piétonne et cycliste.

Le tracé de la voie de chemin de fer reprend celui de l’axe historique, il se superpose à un des accès techniques de l’incinérateur dont il n’occupe que la moitié de la largeur pour atteindre la une parcelle libre. L’incinérateur dispose en effet d’un accès principal au nord-ouest.

La passerelle créé un nouvel axe à partir de la fin de la voie de chemin de fer et enjambe la grande parcelle de logistique.

Ces infrastructures sont complétées par deux bâtiments où se développent différents programmes :

Le premier bâtiment est situé à l’interface entre ces deux infrastructures, il est constitué d’une gare et d’une cantine ouvrière.

Le deuxième bâtiment est situé sur un dock au bout de la passerelle, il est constitué de bains publics et d’un datacenter.

Figure 2 : Plan masse 1.500e

La passerelle

La construction de cette passerelle liant les deux projets soulève évidement la question de la cohabitation avec les industries en place, et notamment l’entreprise de logistique qui exploite la parcelle centrale. Pour éviter de diviser cette parcelle et de rendre difficile son exploitation, deux mesures sont prises : tout d’abord la passerelle se surélève de 6m. Elle va donc reposer sur des poteaux en béton qui seront situés tous les 25m pour minimiser l’impact au sol.

Pour faire face à ces grandes portées, le choix a été de mettre en place une poutre treillis acier qui est préfabriquée par portion de 25m. Chacun de ces éléments repose donc en appui simple sur deux poteaux.

La mise en place d’un plancher collaborant et une toiture bac acier permet aux usagers d’emprunter la passerelle à l’abris, quel que soit le temps.

Enfin, la mise en place de parois en tôles perforées va permettre de modifier la perception qu’on a de la passerelle ou du paysage selon la distance à laquelle on se situe. De loin la passerelle apparaitra plutôt comme un volume, en se rapprochant on pourra discerner la structure, une fois à l’intérieur on pourra profiter de la vue sur le paysage. D’un point de vue constructif, cela remplace aussi le garde-corps.  

Cette différence de perception de la passerelle c’est aussi une manière de répondre à l’échelle des bâtiments qui constituent le site et le paysage lequel le projet s’insère.