La Maison de l'eau

Alix Helmreich

Le projet de la Maison de l’eau est une manière d’initier la nouvelle politique basée sur les ressources du territoire, c’est pourquoi une administration fait partie du programme de cet établissement. Elle a pour enjeu d’incarner ce renouveau.

En lien avec les interventions menées sur les rivières contaminées du territoire, la Maison de l’eau développe trois laboratoires de recherches abordant de façons différentes la question de l’eau pour soutenir la dépollution et la régénération de la biodiversité aquatique.

Les trois thèmes explorés sont l’irrigation, l’écocatalyse (science de la chimie verte, elle étudie principalement la dépollution des eaux par les plantes) et enfin la restauration des populations de poissons.

La Maison de l’eau se trouve à une étape clef du parcours cyclable et piéton établie entre Widnes et Liverpool car elle gère la rencontre entre la greenbelt et la ville de Widnes ce qui participe à une équité ville-campagne, enjeu relevé dans notre stratégie. Elle s’insère dans un tissu très hétérogène entre zone industrielle, zone résidentielle, zone agricole ou encore l’ancien site d’enfouissement de déchets devenu aujourd’hui un parc urbain.

Face à lui un parc d’expérimentation ; les aménagements liés à la recherche crée un paysage beaucoup plus réglé et organisé que l’espace naturel de l’ancien site d’enfouissement. Le parc d’expérimentation se développe autour de l’eau et tout le long du Ditton Brook.

Situation de projet et accès

Zone industrielle

Zone résidentielle

Zone agricole (Greenbelt)

Parc urbain

-ancien site d’enfouissement de déchets-

Fig. 1 Des tissus très hétérogènes

Le projet s’insère dans une longue histoire de représentation et d’archétype d’architecture politique que Raymond Queneau dénoncera comme “des monuments qui se veulent plus monumentaux que signifiants”.

Ici la signification, les formes, la matière et l’implantation vont être capitales dans l’architecture de la Maison de l’eau en commençant par les acteurs avec les investisseurs et les usagers.

United Utilities

Entreprise privée d’assainissement des eaux est soumise aux lois imposées par the Water Services Regulation Authority, le régulateur économique des secteurs de l’eau.

Promeut le développement de la recherche au sein de la nouvelle impulsion politique de la région

Pêcheurs

Encourage fortement la repopulation des rivières en poissons pour redynamiser l’activité de la pêche.

Volonté pédagogique et écologique

The Water Services Regulation Authority

Secteur public, représentant du gouvernement au sein de la gestion de l’eau.

Intégrer la nouvelle impulsion politique de la région, garantir une eau saine et privilégier le développement de la biodiversité

Fig.2 Investisseurs

Le public

Toute personne venant dans la partie public peut participer au débat pour la prise de décision concernant l’eau

Administration associée à la maison de l’eau & bibliothèque

Employé à la bibliothèque dite contemporaine et de l’administration de la gestion de l’eau

Chercheurs

Les différents chercheurs associés au trois grands thèmes d’expérimentation et de recherche :
-Restauration des populations de poissons
-Ecocatalyse
-Irrigation

Fig. 3 Usagers

Le parc d’expérimentation accueille des bassins, un détournement de la rivière du Ditton Brook et des serres dédiées à la recherche sur l’écocatalyse, et enfin des rivières artificielles pour la restauration des populations de poissons.

Au sein de ce grand parc public aménagé, le bâtiment le structure en deux axes principaux.

Chaque séquence d’entrée est marquée par la présence de l’eau, que ce soit par les deux petits ponts qui permettent aux cyclistes et aux piétons de franchir le Ditton Brook et d’être accueillis dans le parc par le détournement de la rivière ou encore les rivières artificielles.

Pour les conducteurs, le parking est dessiné afin de récupérer les eaux pluviales polluées par l’hydrocarbure dans des bassins d’écocatalyse. Les plantes s’occupent d’assainir les eaux avant leur infiltration dans le sol. Aires d’expérimentation et espaces publics s’entrelacent.

Le bâtiment s’implante à la croisée des flux pour intercepter, d’un côté, le public et les travailleurs provenant de la station “Ditton Cross” développée par Laurie et, de l’autre, les usagers venant en voiture.

Fig. 4 Plan masse interactif – Parc d’expérimentation public

Les laboratoires de recherches sont ici les piliers du pouvoir décisionnel. Chacun apporte sa contribution dans la gestion de l’eau par l’apport des connaissances qu’ils développent mais également par l’investissement de certains chercheurs dans le comité de d’administration.

Ces laboratoires ainsi que l’administration se développent dans deux parties maçonnées en béton de briques qui sont aisément identifiables sur les plans.

Certaines pièces d’expérimentation en milieux contrôlés doivent être complètement occultées de lumière naturelle. Cela permet le dessin d’un rez-de-chaussée exclusivement clos.

Fig. 5 Plan Rez-de-chaussée large et traits de coupe

Laboratoires d’irrigation et de l’écocatalyse

1/ Bassins écocatalyse milieux chauds
2/ Sas 
3/ Bassins écocatalyse milieux froids
4/ Vestiaires
5/ Laboratoire
6/ Espace de stockage
7/ Espace de stockage de mobilier pour l’espace public
8/ Laboratoire
9/ Salle des machines
10/ Sas
11/ Laboratoire technologique pour l’irrigation

Laboratoires de restauration des populations de poissons

1/ Bassin de suivi de poissons en réempoissonnement
2/sBassin de reproduction
3/ Ecloserie
4/ Nurserie
5/ Raceway (bassin à courant
6/ Bassin Scola7/
8/ Vestiaires
9/ Infirmerie

Fig. 6 Plan Rez-de-chaussée

Fig. 7 Plan R+1

Fig. 8 Plan R+2

Les façades de ces deux bâtiments sont travaillées par plis et replis des murs. Cela crée une réelle épaisseur programmée et constructive qui laisse place tantôt à des espaces pour inclure du mobilier tantôt à des creux pour accueillir les vitrages apportant de la lumière au R+1 pour les bureaux, les salles de laboratoire et les espaces de repos.

Ces zones vitrées feront l’objet d’un sablage pour laisser apparaître la granulométrie du béton de briques et donner 

un aspect rugueux dans le creusement du mur qui suggère l’épaisseur de la masse. Cela est renforcé par les ombres que vont créer ces plis sur la façade.

Ce travail de façade et de plan adopte un sens constructif, architectonique et programmatique qui confère un fort rapport au sol au bâtiment.

De haut en bas

Toiture zone stérile

– Couvertine
– Acrotère
– Relevé d’étanchéité
– Protection de l’étanchéité
– Étanchéité bicouche antiracines
– Isolant thermique
– Pare-vapeur
– Dalle en béton 20 cm

– Dispositif de séparation

Toiture terrasse végétalisée

– Petits ligneux
– Substrat élaboré
– Couche filtrante
– Couche drainante

– Étanchéité bicouche antiracines
– Isolant thermique
– Pare-vapeur
– Dalle en béton de briques 20 cm

Mur

– Mur en béton de briques 20 cm
– Isolation intérieure 15 cm
– Enduit à la chaux avec de la brique concassée 5cm

Dalle béton

– Dalle béton
– Film Polyane
– Isolation
– Hérisson graviers 20/40 mm
– Hérisson graviers 40/80 mm

Façade

Zone vitrée
– Béton sablé
– Soubassement de 40 cm permettant le développement de bancs en relation avec les espaces publics 

Mur béton 
– Béton de briques brut

Rigole
-Mur en béton creusé pour conduire l’eau de ruissellement de toiture dans une rigole au sol

Fig. 9 Détail et perspective des façades maçonnées

Fig. 10 Élévation Nord Est

Ces deux blocs maçonnés soutiennent une toiture qui les relie. Cette toiture en bois de lamellé collé est tridimensionnelle et autoportante. Elle repose uniquement sur deux murs très épais de 80 cm.

A l’aspect plus léger que les blocs maçonnés, elle a un rôle 

central dans la gestion de l’espace public, de l’administration et du fonctionnement même du bâtiment caril distribue tous les autres. Les deux axes qui se développent sur tout le parc d’expérimentation incitent également à passer par cet espace transitoire pour continuer sa route.

Fig. 11 Élévation Sud-Ouest

Fig. 12 Depuis le chemin de l’ancien parc d’enfouissement de déchets

Le travail d’une scénographie de l’eau est mise en place sur la façade qui fait front au jardin public. L’eau du toit s’écoule librement pour être récupérée par des bassins au sol. 

Ils font l’intermédiaire avec le stockage de l’eau dans des cuves enterrées, celle-ci directement réutilisée dans les dispositifs mis en place sur la parcelle.

L’espace abrité par la charpente est un espace totalement public et beaucoup plus traversant, que ce soit par la fluidité visuelle avec ses façades complètement vitrées ou son rôle de coordinateur des différents flux. Cela favorise les rencontres entre les différents acteurs. Sous ce toit se développe, au rez-de-chaussée, l’espace de débat public pour la gestion de l’eau et la cafétéria.

Fig. 13 Coupe transversale BB’

Cet espace principalement lié au débat public pourra accueillir de nombreux autres usages par la liberté organisationnelle du lieu. Il jouit aussi d’une grande hauteur sous plafond lui permettant de profiter de toute l’ampleur de la charpente.

Cette toiture est également dotée d’une ouverture zénithale pour bénéficier d’une lumière plus douce et crée des ombres qui mettent en valeur la charpente.

Fig. 14 Perspective de l’arène de débat public

A l’étage, seule la partie de la charpente se trouvant au-dessus de la cafétéria est habitée par une bibliothèque publique. 

Cette bibliothèque pourrait être qualifiée de contemporaine car elle serait plus basée sur de la matière numérique que sur un stockage de matière concrète.

 

Fig. 15 Coupe longitudinale AA’

Environ 44% des déchets produits par le Royaume-Uni sont dûs au domaine de la construction et de la démolition. C’est pourquoi nous profitons de l’abattage d’immeubles pour la récupération de briques. Après triage des briques, tous les morceaux plus ou moins gros seront ensuite concassés pour permettre la mise en œuvre de béton avec des agrégats de briques.

Le second matériau est le bois. C’est une filière qui essaie de se développer de plus en plus sur le marché de la construction au Royaume-Uni et qui est soutenue par de nombreuses associations. 

L’épicea Sitka présent à 80 % dans les forêts productives britanniques serait l’essence utilisée pour la réalisation de pièces de lamellés-collés. Les structures en bois recherchent un faible impact environnemental et une rapidité de mise en œuvre. Le bois est aussi valorisé pour ses capacités de stockage du carbone et son bilan écologique positif.

Fig. 16 Origine de la matière

Assemblage bois

1/ Étrier à âme tridimensionné
2/ Poutre sablière reposant sur sabot verrouiller par boulonnage 
3/ Arbalétrier à about décalé en pied
4/ Entrait
5/ Boulonnage encastré

Fig. 17 Assemblage bois

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