Cela fait plus de 100 ans que nous n’avons pratiquement rien construit dans cette périphérie «oubliée» du sud de l’agglomération de Manchester. Le constat sanitaire oblige aujourd’hui les autorités et acteurs de la santé publique à réinvestir ce quartier en édifiant un équipement médical de proximité et en repensant la question du logement, pour offrir aux habitants de meilleures conditions de vie.
 
Mais alors, comment créer une architecture à la fois humble,  peu ostentatoire, insérée subtilement dans son environnement bâti et qui puisse également s’exprimer en tant qu’équipement public remarquable ? De la même façon, comment construire un programme de santé imposant dans un quartier dont l’échelle résidentielle est prédominante ? Comment sublimer cet environnement urbain tout en générant le moins de nuisance possible ?
 
Comment se lier à l’histoire industrielle de ce site et au patrimoine qui en est associé, à l’ identité de ce quartier populaire de Manchester tout en construisant avec les matériaux «d’aujourd’hui» et en proposant une image contemporaine, sobre, à la fois introvertie et ouverte sur la ville ? Comment construire un édifice avec efficacité et en toute humilité, loin d’une conception complexe et coûteuse tout en créant des espaces avec de réelles qualités en termes de volume et de lumière ? 

#1
Habiter Moss Side au XXIème siècle

Restructuration d'une "Terraced house"

54 Rosberry Street

La crise sanitaire que nous avons vécu ces derniers mois a mis en exergue le lien étroit entre la qualité du logement et l’état de santé de ses occupants. À Moss Side, de nombreuses personnes vivent dans des conditions insalubres et beaucoup de foyers sont dans des situations de précarité énergétique. Ces logements centenaires sont souvent mal isolés et relativement sombres à cause de leurs petites fenêtres. De plus, ces logements, tous identiques, créés pour les familles ouvrières du début du XXe siècle ne correspondent plus à la diversité des organisations familiales et aux besoins d’une grande partie de la population : retraités, handicapés, familles monoparentales… 
 
Ces petites «maisonnettes» ont néanmoins de grandes qualités comme leur densité et le fait qu’elles possèdent toutes un petit espace extérieur. Leur système constructif fait de mur en brique et de plancher bois a aussi de nombreuses qualités et à montré sa capacité à traverser les siècles.
 
C’est dans ce cadre qu’intervient le CLT (community land trust) pour proposer une réhabilitation qui apporte des solutions à tous ces problèmes, mais également des qualités à l’intérieur de ces logements. Cette proposition doit être économiquement mesurée et rationnelle pour convenir aux populations précaires du quartier et ne pas amplifier tout phénomène de gentrification.

#2
Vivre à Moss Side

Maison de santé augmentée

51 Rosberry Street

Cette «maison de santé», care home en anglais, est un programme essentiel et fait échos aux récentes stratégies de décentralisation du NHS au niveau  médical. Le terme «maison» fait référence à un lieu où l’on se sent bien, où l’on se sent chez soi. Ce mot est en opposition avec le terme d’hôpital et l’objectif est de n’en reprendre aucun des éléments anxiogènes, froids et impressionnants. La notion d’«augmentée» correspond à l’addition d’autres programmes comme des terrains de sports, salle commune, lieux de réunions ou d’activités où les habitants pourront se retrouver, échanger, faire du sport dans le but de prévenir et minimiser les pathologies qui touchent les résidents du quartier. 
 
Outre cet aspect médical, cet édifice a donc aussi pour objectif d’améliorer les conditions de vie des habitants dans ce quartier précaire. Il offre de nombreux espaces capables accessibles aux Mancuniens, en s’appuyant notamment sur le riche tissu associatif et communautaire du quartier. 
– Construire –
Comment construire aujourd’hui dans ce quartier «monochrome» ou la brique est omniprésente aussi bien physiquement que culturellement ?
 
 En 100 ans, l’inversion du coût matière/main-d’œuvre, le développement des transports et des moyens de levage autant que la disparition des savoir-faire, ont relégué la construction en brique «traditionelle» au rang de luxe ; du moins dans ce cadre budgétaire et urbain dans lequel s’implante cet équipement. Quels matériaux privilégiés pour construire dans un quartier résidentiel relativement dense et dans un pays qui importe plus de 90% de ses besoins en bois et où le secteur de la construction se fait peu à peu phagocyter par les structures métalliques. Comment concilier pérennité de l’ouvrage, efficacité économique et structurelle tout en rentrant en échos avec ce contexte urbain et les enjeux environnementaux globaux ?

Annexe