TERMINUS

Thomas CHABERT

Le projet consiste en la réalisation d’un bâtiment regroupant trois programmes, une gare qui est au terminus de la nouvelle ligne des berges, une cantine ouvrière ainsi qu’une unité de méthanisation dédiée au traitement des déchets de la cantine.

Le bâtiment est situé à l’interface entre la voie de chemin de fer et la passerelle, il s’implante sur une parcelle libre et un ancien parking pour former un L (figure 1). Cette forme est induite par l’organisation du projet qui se fait selon deux axes, celui de la passerelle et celui de la Weaver Navigation et de la rue South Road reliant le bâtiment aux quartiers résidentiels et industriels.

Le projet développe le langage architectural de la passerelle qui repose sur la dualité entre une structure porteuse en béton liée au sol et une structure portée en acier.

Le rez-de-chaussée du bâtiment se surélève de 70cm et prend appui sur des fondations partielles pour plusieurs raisons. Tout d’abord, c’est la hauteur à laquelle doit se situer le sol du quai de gare pour pouvoir accéder au train. Ensuite cela permet au projet de se développer de la même manière malgré les variations du sol. Enfin, cela permet de conserver une continuité spatiale entre les différents espaces du rez-de-chaussée.

Figure 1 : Axonométrie de site - Un bâtiment à l'interface de deux infrastructures

Dans l’axe de la passerelle se développent la gare et un espace public qui sert d’interface avec les habitations (figure 2). L’unité de méthanisation et la cantine se développent à la perpendiculaire, selon l’axe de la Weaver Navigation.

De ce côté, le grand deck s’étend tout le long du bâtiment et développe un espace public qui relie les quartiers industriels au nord et au sud du projet.

Figure 2 : Plan de rez-de-chaussée large

Le quai de gare se situe sous l’emprise de la passerelle qui s’insère dans le bâtiment. Il est le lieu de rencontre entre les trames structurelles de ces deux entités. L’espace public qui se trouve en contact avec le quai et qui sert d’interface, est lui au niveau 0, de grands emmarchements sont donc déployés tout le long de la gare pour permettre d’y accéder. Ces deux espaces sont extérieurs mais couvert par la passerelle et par un belvédère développé au niveau supérieur. Pour accéder au niveau du R+1, il est possible d’emprunter l’escalier hélicoïdal situé dans l’espace public couvert ou l’ascenseur situé en bout de passerelle.

En ce qui concerne l’autre aile du bâtiment, on peut remarquer qu’elle est clairement orientée vers la Weaver Navigation à l’ouest, on retrouvera donc les espaces fermés et techniques à l’est.

L’unité de méthanisation est située en contact avec le hall de gare et constitue une interface et une séquence d’entrée pour la cantine ouvrière. Elle profite d’accès sur l’extérieur pour le déchargement des déchets ou la récupération du digestat. 

Elle permet de transformer les déchets ménagers organiques et les déchets de la cantine en gaz puis en électricité et en chaleur dédiés à la cantine. Il s’agit ici de mettre en scène les cuves dans un espace couvert mais ouvert sur l’extérieur et qui conserve un fort rapport à son environnement.  

La cantine ouvrière se développe ensuite le long de la Weaver Navigation. Elle est principalement dédiée employés des industries proches mais elle est aussi ouverte au public, les habitants et les touristes peuvent donc venir s’y restaurer.

En entrant dans la cantine, les usagers se trouvent dans un espace de circulation au sein duquel ils peuvent prendre un plateau et constituer leur repas. En parallèle se trouvent les cuisines, les espaces dédiés au personnel et les espaces techniques qui profitent d’un accès direct sur l’extérieur pour faciliter livraisons et sortie des déchets. Cet espace aboutit sur le grand réfectoire qui se situe au centre de la cantine. De l’autre côté du réfectoire, on retrouve une zone de sanitaires et un petit salon de repos ou d’attente qui donne sur un accès extérieur couvert.

Figure 3 : Plan de rez-de-chaussée

Au R+1 (figure 4), un espace public développé sur le belvédère, il jouxte la passerelle qui s’insère dans le bâtiment. A l’intérieur de la passerelle se développe un petit café dont l’objectif est de déployer un grand nombre de

tables et de chaises pour exploiter le belvédère comme une réelle place publique. C’est à partir de cet espace que les usagers empruntent la passerelle pour rejoindre le projet des bains : « BAIGNADE SAUVAGE ».

Figure 4 : Plan de R+1

Plusieurs singularités découlent de la rencontre entre la passerelle et le bâtiment (figures 5&6). Tout d’abord, à son extrémité, la passerelle se développe à la verticale et vient toucher le niveau du sol. Cette volumétrie remarquable abrite l’ascenseur qui permet de rejoindre le niveau supérieur.

Cet espace est aussi singulier du point de vue structurel, en effet pour obtenir une continuité spatiale au niveau supérieur entre la passerelle et le belvédère, des éléments ont dû être retirés dans la poutre treillis. Pour cette raison, les poteaux du bâtiment viennent créer un renfort et soulager la structure de la passerelle.

Figure 5 Perspective - Hall de gare depuis l'espace public

Figure 6 : Coupe transversale A - Le hall de gare, rencontre de deux trames structurelles

Le projet s’appuie sur une culture de proximité entre infrastructure et habitations existant au Royaume-Uni. Il développe un large belvédère qui surplombe la rue et l’espace public pour offrir des vues sur le quartier, les grandes industries, le patrimoine industriel et le grand paysage avec l’estuaire de la Mersey (figure7). 

Le café situé à l’intérieur de la passerelle permet aux usagers d’habiter et de profiter de cette infrastructure d’une autre manière.

Au rez-de-chaussée, le hall de gare couvert profite d’une grande hauteur sous plafond et constitue un espace aux multiples possibilités d’usage.

Figure 7 : Coupe perspective B - Le hall de gare, la passerelle et le belvédère

Ce hall de gare se prolonge jusqu’à l’angle du bâtiment faisant la jonction entre les deux ailes (figure 8). Cette « aile » se développe le long de la Weaver Navigation et cherche à établir des usages en lien avec celle-ci.

Depuis la rue, une grande rampe permet d’accéder au niveau du rez-de-chaussée afin de rejoindre la cantine ou de se balader sur le deck le long du bâtiment.

Figure 8 Perspective - Façade ouest depuis la rue

La structure mise en place ainsi que le développement des différents usages du rez-de-chaussée au même niveau permettent de créer une forte continuité spatiale donnant à l’usager l’impression de circuler sur un grand sol public (figure 9).

En arrière-plan, la figure imposante de l’incinérateur se dessine, elle fait partie du paysage auquel seront confrontés les usagers depuis le belvédère.

Figure 9 : Coupe longitudinale C

La base de l’édifice est constituée de dalles alvéolées, de poteaux et de poutres en béton préfabriqué (figure 10). Une charpente en acier constituée de poutres treillis fabrique la partie supérieure de cette aile du bâtiment. La séquence d’entrée de la cantine se fait avec les cuves de méthanisation sur la droite et la Weaver navigation sur la gauche.

Comme le hall de gare, cette partie du bâtiment est couverte mais elle n’est pas fermée, l’usager conserve un rapport à son environnement bien que l’on observe déjà l’orientation du bâtiment vers la Weaver Navigation.

Figure 10 : Coupe perspective D - L'unité de méthanisation, séquence d'entrée de la cantine

Le rythme donné par la structure béton est visible sur toute la longueur du bâtiment, il est identique sur les deux façades. L’orientation du bâtiment vers l’ouest se retranscrit d’une autre manière sur les façades qui reçoivent un traitement différent au niveau des ouvertures (figures 11&12). La façade Ouest est entièrement ouverte et vitrée tandis que la façade Est ne dispose que d’ouvertures en polycarbonate en partie supérieure. 

Ces dernières permettent uniquement une entrée de lumière et évitent de donner des vues sur la route empruntée par les camions allant à l’incinérateur. Ces deux types d’ouvertures découlent directement des usages en lien avec ces façades.

Figure 11 : Elevation Ouest

Figure 12 : Elevation Est

Le réfectoire de la cantine profite d’un volume généreux au sein duquel se retranscrit le jeu de proportions des ouvertures en façade (figure 13). Ce dispositif d’ouvertures permet non seulement d’apporter de la lumière et des vues mais aussi de créer un fort rapport entre le réfectoire et le deck extérieur. Les usagers pourront ainsi profiter du deck quel que soit le temps grâce au grand débord de toit qui en couvre la totalité.

Depuis cet espace, les usagers accèdent aux berges de la Weaver Navigation (figure 14)

En redonnant accès à un site privilégié et en y fabriquant de nouveaux usages et espaces publics, ce projet permet à une large population d’habiter enfin ces lieux uniques. Il illustre ainsi les grands points clés de la stratégie.

Figure 13 : Coupe perspective E - Le réfectoire de la cantine et son deck donnant sur la Weaver Navigation

Figure 14 Perspective - Façade ouest