Une reconquête des richesses post-brexit

Audrey Costella_Anaïs Gerland_Alix Helmreich_ Laurie Merciecca

Un Royaume-Uni boulversé

Le pays divisé par le Brexit

 

Notre découverte du territoire Mancunien est marquée par une multitude de bouleversements sociaux, économiques et environnementaux. Le vote pour la sortie de l’Union européenne en est la démonstration et révèle un Royaume-Uni fortement divisé. Il est la conséquence d’un désenchantement de la population. Pour pouvoir identifier les enjeux révélés par cette crise, nous choisissons d’élargir notre territoire d’étude initial et de nous pencher sur l’étude des trois comtés que le Manchester Ship Canal traverse: Le great Manchester, le Merseyside et le Cheshire. Elle révèle trois paradoxes.

Fig. 1 Comtés administratifs

Des paradoxes sociaux, économiques et territoriaux

Fig. 2 Paradoxe ville-campagne

 

Fig. 3 Paradoxe de la ressource hydrographique

Fig. 4 Paradoxe économique entre agriculture et biotechnologie

 

Le premier paradoxe de cette crise concerne un clivage entre les habitants de la ville et ceux de la campagne révélé par la disparité des votes du référendum du Brexit. Les comtés métropolitains ont majoritairement voté contre le Brexit. Ils profitent d’une économie extraterritoriale florissante et ont tout intérêt à encourager les politiques de libres échanges. En revanche, les comtés ruraux tels que le Cheshire ont voté pour le Brexit, leur  économie étant plus recentrée sur leur région. 

Le second paradoxe concerne la gestion de la ressource hydrographique. À l’heure actuelle sa gestion est globalement assurée par une grande entreprise privée, la United Utilities, mais qui n’a pas l’autorité compétente pour gérer les aménagements locaux. Le manque de coordination entre cette grande entreprise, les politiques locales et propriétaire privés induit un dysfonctionnement dans l’entretien du bassin-versant de la Mersey qui figure parmi les plus pollués du pays.

Enfin, le dernier de ces paradoxes concerne un clivage économique entre multinationales de laboratoires biotechnologiques et les agriculteurs. On retrouve des entreprises de biotechnologies extrêmement performantes qui profitent de gros investissements et d’un marché mondial. Au contraire, les agriculteurs présents sur le territoire dépendent de subventions, notamment assurées par la PAC (la Politique Agricole Commune) qui est sur le point de disparaître suite à l’annonce du Brexit.

Des richesses à reconquérir

Pour tenter de résoudre ces paradoxes nous avons effectué une analyse plus précise des richesses présentes sur le territoire. Dans une proposition manifeste de notre travail nous souhaitons explorer et relever leurs potentiels sous la forme d’un atlas cartographique. Il s’agit de chercher à expérimenter un nouveau cadre prospectif qui permettrait de mettre en valeur la complémentarité de l’arrière-pays et des métropoles, une revalorisation du territoire qui se veut hospitalière et équitable.

Cela passe par l’identification de l’ensemble de ses ressources et la décomposition de ses limites paysagères. On en retrouve ci-joint quelques extraits. 

Fig. 5 Ressource hydrographique

Fig. 6 Ressource agricole

Fig. 7 Ressource mobilité

Fig. 8 Ressource géologique

Fig. 9 Limite paysagère de la plaine

Fig. 10 Limite paysagère de la montagne

Fig. 11 Limite paysagère du littoral

Fig. 12 Limite paysagère de l’estuaire

Fig. 13 Limites paysagères industielles

Fig. 14 Limites paysagères résidentielles

Fig. 15 Limites paysagères des centres ville

Fig. 16 Les limites paysagères

Fig. 17 Atlas cartographique

L’ensemble de ce travail a conduit à la réalisation d’une carte synthèse. Il s’agit d’une retranscription sensible des richesses du territoire induites par l’ensemble de ses ressources et limites paysagères. Elle présente des richesses singulières qui doivent devenir les atouts de la région et remet donc en question les limites politiques actuelles. A partir de ce constat, notre stratégie consiste à s’engager dans un nouveau dessin des limites territoriales fédérées par ses ressources réelles. Cette superposition de limites permet de proposer un projet politique et de nouvelles dynamiques économiques. Suivant cette logique, une entité politique correspond à une entité territoriale et à ses limites géographiques. Elles se superposent et créent un ensemble d’épaisseurs. 

Fig. 18 Comment les limites redessinent le territoire ?

Pour entrer dans la résolution des paradoxes que l’on a identifié précédemment, on met en place deux institutions politiques s’appuyant sur trois axes : une meilleure gestion de la ressource hydrique, un renouveau du système agricole et une revalorisation des franges pour rééquilibrer ruralité et urbanité. Le thème de la gestion de l’eau adopte l’emprise territoriale correspondant à celle du bassin versant de la Mersey (fig. 19), tandis que l’emprise territoriale de l’agriculture est celle de la plaine agricole (fig.20).

Fig. 19 Des limites dessinées par le bassin versant

Fig. 20 .Des limites dessinées par la plaine agricole

La frange comme outil de réenchantement

Pour donner vie à ces nouveaux modes de gouvernance par les richesses, nous avons identifié deux sites à la croisée des caractéristiques relevées par nos paradoxes sociaux, hydrographiques et agricoles. 

Elles se trouvent toutes deux à la friction de grandes limites paysagères entre l’estuaire, la plaine et les franges urbaines.

Le Ditton Brook

La première situation concerne le Ditton Brook, un cours d’eau très pollué qui traverse la green belt entre la métropole de Liverpool et la ville moyenne de Widnes. Cette situation est quadrillée par des infrastructures de transports cloisonnant le paysage agricole. Ce site interroge la gestion de la ressource hydrique à travers des interventions de rayonnement régional.

L’île aux graines

La seconde situation identifiée concerne l’épaisseur dessinée par la Weaver River. Elle se trouve entre deux villes moyennes, Frodsham et Widnes, à l’interface avec la plaine agricole. Cette interface est l’opportunité de réinterroger la gestion de la ressource agricole et de sa politique.

Fig. 21 Explorer les interfaces par deux situations à projets

Cliquez sur le Ditton Brook pour commencer

Ditton Brook

La maison de l'eau
Ditton Cross

L'île aux graines


Le grenier
L'agrocité
L'école d'Agroécologie

Pour aller plus loin ...

Musée imaginaire

La biorégion, un outil de réflexion

L’ensemble de cette réflexion s’est vue dépendre d’un cadre de recherche plus large que celui présenté. Au cours de notre découverte du territoire, nous avons étudié l’outil de la biorégion, concept théorisé notamment par l’Italien Alberto Magnaghi. Objet de réflexion, la Mersey Urban Bioregion, nous a permis d’aborder le territoire à travers un nouvel imaginaire, celui d’une région définie par les limites de son bassin versant irriguant et fertile, créateur d’une nouvelle société.

Même si l’établissement de ces frontières franches a ensuite été dépassé par le travail de la frange énoncé précédemment dans une étude cartographique plus complète, cet outil politique nous a permis de construire un récit engagé. L’écriture d’un manifeste est ensuite venu affirmer des convictions. Il a servit de prémisse à notre stratégie et nous a permis de développer nos principaux courants de pensée. 


Fig. 22 

Inspirées de l'école de peinture anglaise

Fig. 23 L’or Noir

Fig. 24 L’or Noir

Fig. 25 La conquête des eaux

Fig. 26 La fabrique du monde