Les lieux communs au cœur du Parc de l’Entre-deux Métropoles – LIEUX COMMUNS
Gwenaelle Montrichard, Pauline Caillarec, Mathieu Garraud, Achille Breysse(lieux communs)
UN TERRITOIRE SOCIAL ET HUMAIN – LIEUX COMMUNS
Dans un premier temps, nous souhaitons introduire ce travail par le territoire humain dans lequel il s’incarne : le territoire du Manchester Ship Canal. Ce territoire nous l’avons en effet parcouru et arpenté à « vue d’habitant », quelque peu au hasard, mais dans le but de s’approcher au maximum de sa quotidienneté.
Pourquoi ? Parce que tout au long du XXe siècle, de Liverpool à Manchester, ce territoire s’est dessiné, construit et déconstruit au service de l’économie libérale et de ses mutations aussi violentes pour le paysage que pour ses habitants. Et à sa rencontre, il nous est apparu comme « divisé » entre deux héritages.

Copyright Photos :
Ken Loach, Rob Bremner, Tom Wood, Mike Leigh
Photographies de Pauline Caillarec, Gwenaelle Montrichard, Mathieu Garraud et Achille Breysse, prise en septembre 2019 à Warrington ( UK )
UNE CONFRONTATION ENTRE DEUX HÉRITAGES – LIEUX COMMUNS
D’abord on retrouve bien sur un héritage industriel important, témoin d’une époque de croissance économique et urbaine. Cet héritage, il se confronte aujourd’hui avec celui de la modernité : c’est-à-dire la ville mono-fonctionelle et fragmentée que l’on est amené à parcourir chaque jour. De l’habitat pavillonnaire au centre commerciaux aux hypermarchés, et surfaces de stationnement à n’en plus finir.
En somme l’arpentage de ce territoire a été l’occasion d’une énième rencontre, aussi banale que abrupte, avec ce que nous appellerons « la ville ordinaire ».
La question qui nous posons est celle-ci : Comment en tant qu’architectes, se saisir des formes génériques devenues anonymes et banales pour l’habitant comme pour l’aménageur ? Comment déverrouiller la mono-fonctionnalité qui caractérise les fragments de la ville ordinaire ? Comment déverrouiller les usages, les gestes et les interactions possibles avec leur contexte ?

LA VILLE DE WARRINGTON : LE CADRE D’ÉTUDE ET DE PROJET – LIEUX COMMUNS
A mi chemin entre Liverpool et Manchester se trouve la ville de Warrington. Cette ville de 200 000 habitants reste à l’écart des véritables machines à exclure que sont les projets emblématiques des métropoles. Pour cette raison, elle est devenue à la fois un prétexte et l’opportunité de projeter ce territoire à travers le caractère très ordinaire propre aux villes moyennes européennes ; et par là l’occasion de penser la transformation d’un territoire sans dévaloriser les

- situations existentielles de tout à chacun.
- 53° 23′ 14″ nord, 2° 36′ 10″ ouest
- Comté : Cheshire
- Population : 210 000
- Densité : 1 163 Hab/ Km2
- Superficie : 18 060 Ha
DU BREXIT AU COVID.19 – LIEUX COMMUNS
LA QUESTION DE L’ALIMENTATION FACE AUX PROBLÉMATIQUES POST BREXIT
Dans un second temps, nous entendons replacer notre démarche dans le contexte à la fois très actuel et historique que nous vivons, au sens large et appliqué à l’Angleterre Post-brexit. En effet, le quotidien au Royaume-Uni pourrait bien se trouver bouleversé pour les traités d’échanges commerciaux prochainement négociés entre Londres et Bruxelles. La production alimentaire est donc un sujet plus que primordial pour les britanniques, qui importent à plus de 65% leurs denrées alimentaires aujourd’hui. Cette incertitude apparaît même d’autant plus cruciale au regard de la crise que nous vivons lié au covid-19, qui les propulse directement au cœur des problématiques liées à la production, distribution, et consommation alimentaire.
Par ailleurs, ce contexte inédit met en exergue le questionnement initial de l’architecte : comment anticiper la transformation d’un territoire ou d’un lieu sans pouvoir prévoir l’avenir ? Comment composer un projet malgré cette incertitude ?
LE DEVENIR DES HYPERMARCHÉS – LIEUX COMMUNS
Quels changements de paradigme seraient alors à prévoir ? Que vont devenir ces édifices, véritables ruines de la sur-modernité ? Quelle capacité de transformation ce nouvel héritage – à peine anticipé et toujours ignoré – peut-il recouvrir à l’échelle urbaine ? Doit-on requalifier ou s’affranchir de leur structures métalliques, de leurs enveloppes de briques ou de taule, ou même de l’enrobé des parkings ?
« Désormais, seul un choc peut nous permettre de nous ressaisir. Je crois beaucoup à la pédagogie des catastrophes – dans ces conditions, le virage peut être très rapide. L’histoire n’est pas linéaire. Le lien avec aujourd’hui est manifeste : le manque de sens caractérisant le marché de l’emploi et les métiers inutiles, l’absurdité d’accumuler toujours plus et de concourir à la destruction de la planète. »
Serge Latouche, Propos recueillis par Frédéric Cazenave et Marie Charrel, Le monde, Décembre 2018
Joel Sternfeld, “McLean, Virginia, December 1978”, from Joel Sternfeld, American Prospects, 1987.
FACE À L’INCERTITUDE, PROJETER UN IDÉAL OU UN FUTUR AUSSI PLAUSIBLE QUE PEU SOUHAITABLE – LIEUX COMMUNS
Nous partons avec l’a-priori que ces sites mono-fonctionnels peuvent-être re-convertibles et ouvrir à une autre forme d’urbanité à la fois conviviale, poétique et équitable autour de l’alimentation dans les villes.
Cependant quels scénarios peuvent le garantir, lorsqu’on sait seulement que la transformation des espaces habités dépend d’événements, de réactions à ces événements, ou de posture politiques qui dépassent le rôle de l’architecte ?
Au sortir de cette crise, il est possible que le monde ne profite pas de la « pédagogie de la catastrophe » et continue de perpétuer le modèle de la croissance économique qui nous a mené jusqu’ici. C’est pour cette raison que nous avons projeté la transformation de chaque site selon 2 scénario :
CONTINUITÉ – Scénario 1 : – LIEUX COMMUNS
Une accentuation du système économique globalisé, pour lequel l’alimentation reste une éternelle source de profit. C’est-à-dire continuer à produire de l’argent.
RUPTURE – Scénario 2 : – LIEUX COMMUNS
Le choix d’urbanisme agricole – soutenu par les gouvernances – qui viserait à générer des sols perméables et fertiles pour une ville résiliente. C’est-à-dire affirmer une production du « vivant ».
Bien que nous développons deux scénarios possibles, dans les deux cas, nous sommes convaincus que l’architecte doit garder le même rôle, celui de spécialiste des milieux habités et de leurs enjeux toujours plus spécifiques et complexes.
DEUX SITES, DEUX SCÉNARIOS : QUATRE PROJETS, MAIS UNE SEULE POSTURE – LIEUX COMMUNS
A partir de ces deux scénarios, nous avons choisi de s’intéresser à deux hypermarchés en particulier, pour leurs situations très différentes dans Warrington. Il s’agit alors d’un travail de prospection centré autant sur la reconversion possibles ces deux boites commerciales, que sur les interactions directes avec le tissu urbain dans lesquels elles se situent. En effet, chaque fragment des tissus ordinaires des villes est unique malgré leurs apparences. Ainsi il ne s’agit pas de refabriquer un nouveau « système » de reconversion des hypermarché pour chaque scenario, mais bien de profiter de cette occasion pour révéler et revaloriser des contextes urbains délaissés.
DEUX FRAGEMENTS À RECONQUÉRIR – LIEUX COMMUNS
Les deux sites de projet sur lesquels nous travaillons sont des fragments identifiés et choisi comme étant à l’image des problématiques de la ville toute entière : omniprésence de la voiture et le non prise en compte des atouts paysagers de Warrington. Le premier est un Tesco, qui se situe à dans le couloir industriel et commercial au dessus du stade de la ville. Le second, Morrison’s, est situé au sud et au bord du Manchester Ship Canal.(lieux communs)
En effet, chaque fragment des tissus ordinaires des villes est unique malgré leurs apparences. Nous pensons que chaque site recouvre un potentiel spatial et d’usage sous estimés dont le rôle de l’architecte est d’en affiner le caractère et les contours, (malgré les contraintes que peuvent entraîner chaque scénario).