Une Réserve Habitée : Repenser les Espaces Délaissés du Périurbain
Les territoires périurbains sont souvent perçus comme des espaces sans identité, coincés entre le rural et l’urbain, marqués par une fragmentation du paysage et une absence de planification claire. Pourtant, comme le souligne Marion Talagrand dans Le potentiel du périurbain, ces « espaces impensés » pourraient constituer une réserve habitée, c’est-à-dire un territoire où l’on peut expérimenter de nouveaux modèles de vie, de production et d’urbanisme durable.

Le Périurbain : Un Réservoir d’Opportunités
Le développement des métropoles a engendré des déchirures territoriales, créant une discontinuité entre les centres urbains denses et des zones rurales parfois délaissées. Ces friches urbaines, anciennes infrastructures industrielles ou agricoles, constituent pourtant un potentiel immense pour reconstruire une continuité territoriale. Plutôt que de subir l’étalement urbain, ces territoires peuvent être requalifiés pour accueillir de nouveaux usages :
- Des habitats alternatifs (écoquartiers, coopératives d’habitants, tiny houses)
- Des espaces agricoles et alimentaires (fermes urbaines, circuits courts, permaculture)
- Des lieux de production d’énergie renouvelable (solaire, biomasse, méthanisation)
- Des sites d’expérimentation sociale et culturelle (tiers-lieux, espaces de coworking, fabriques artistiques)
Exemple de revalorisation urbaine
Le projet de la Ferme du Rail à Paris illustre bien ce concept de réserve habitée. Située en plein cœur du XIXᵉ arrondissement, cette ferme urbaine a transformé une friche en un espace de production agricole, de formation professionnelle et de logements sociaux. Une approche qui mêle insertion sociale, écologie urbaine et circuits courts.

Un Urbanisme de l’Intermédiaire : Vers un Nouvel Équilibre (Une réserve habitée)
Le concept de réserve habitée ne signifie pas une urbanisation intensive des espaces délaissés, mais plutôt une réinterprétation intelligente de leur rôle dans l’écosystème urbain et rural. Cette vision repose sur plusieurs principes fondamentaux :
1. L’Hybridation des Fonctions
Les réserves habitées ne sont ni des zones purement résidentielles, ni de simples espaces verts. Elles doivent permettre une cohabitation des usages : logement, agriculture, artisanat, énergie et culture.
2. Une Approche Participative
L’implication des habitants est cruciale pour faire de ces espaces des lieux de vie et non des territoires subis. Les modèles coopératifs, les chantiers participatifs et la gouvernance partagée sont des leviers pour faire émerger des projets adaptés aux besoins locaux.
3. Une Écologie du Territoire
Plutôt que d’importer des modèles urbains classiques, les réserves habitées doivent s’adapter au climat, aux ressources locales et aux écosystèmes en place.
Exemple : À Londres, le projet de BedZED (Beddington Zero Energy Development) est un quartier écologique conçu pour être autosuffisant en énergie et optimisé pour une faible empreinte carbone.
Vers un Modèle Durable et Réplicable (Une réserve habitée)
Plutôt que de voir les délaissés urbains comme des espaces vides, il est possible de les considérer comme des réserves d’avenir, où peuvent émerger des formes de vie plus durables, inclusives et résilientes. Ces espaces intermédiaires sont les laboratoires du futur, où s’inventent dès aujourd’hui les solutions aux crises écologiques, sociales et économiques.
L’enjeu est de structurer ces expérimentations locales pour qu’elles deviennent réplicables à plus grande échelle, en s’appuyant sur des politiques publiques, des financements et des réseaux d’acteurs engagés.
Une Réserve Habitée : Une Nouvelle Façon de Vivre et d’Habiter les Territoires (Une réserve habitée)
Face aux défis écologiques et sociaux contemporains, la notion de réserve habitée prend tout son sens. Ces espaces délaissés du périurbain, souvent perçus comme inutilisés ou résiduels, peuvent être transformés en territoires hybrides, à la croisée de l’urbanisme, de l’écologie et de l’innovation sociale.
Repenser la Relation entre l’Homme et le Territoire (Une réserve habitée)
L’urbanisation galopante a souvent conduit à une artificialisation excessive des sols et à une coupure nette entre la ville et la nature. Pourtant, l’émergence de nouvelles formes d’habitat durable et réversible permet aujourd’hui de réconcilier l’humain avec son environnement en réinvestissant ces espaces intermédiaires.
Des Espaces Multifonctionnels et Réversibles
Loin d’être de simples réserves foncières en attente de développement, les réserves habitées peuvent accueillir des projets modulaires et évolutifs, qui s’adaptent aux besoins changeants des habitants.
Exemple : En France, le projet “La Ferme Expérimentale” transforme un ancien terrain agricole en espace d’expérimentation pour l’agroécologie et l’habitat léger, avec une gestion en coopérative citoyenne.

L’Architecture et l’Urbanisme au Service du Vivant (Une réserve habitée)
Les nouvelles pratiques architecturales permettent aujourd’hui d’imaginer des constructions qui s’intègrent harmonieusement dans leur environnement tout en limitant leur impact.
1. Une Construction Écologique et Locale
L’utilisation de matériaux biosourcés et de techniques de construction vernaculaires est essentielle pour que ces espaces s’insèrent dans une logique de développement durable.
Exemple : À Manchester, le projet “Les Silos de Withington” transforme d’anciens silos en logements collectifs bas carbone, en utilisant des matériaux de réemploi.
2. Un Urbanisme de la Mobilité Douce
Dans une logique de réduction des émissions de CO₂, les réserves habitées doivent être conçues pour favoriser les déplacements doux (marche, vélo, transports en commun).
Exemple : À Copenhague, le quartier Nordhavn est un modèle d’urbanisme durable intégrant des mobilités alternatives et des bâtiments à énergie positive.
3. Une Gestion des Ressources en Circuit Court
L’autonomie énergétique et alimentaire est un enjeu central dans la conception des réserves habitées, en s’appuyant sur des modèles d’autoproduction et de circuits courts.
Exemple : Le paysage énergétique de la Mersey en Angleterre explore des solutions pour relocaliser la production d’énergie via des éoliennes et des réseaux de chaleur.
Vers une Nouvelle Gouvernance des Territoires (Une réserve habitée)
Pour que ces expérimentations soient viables à long terme, elles doivent être soutenues par une gouvernance locale et participative, où habitants, collectivités et acteurs privés collaborent pour concevoir des projets adaptés aux spécificités du territoire.
Coopération et Implication des Habitants
Les modèles de coopératives d’habitants, de tiers-lieux et de zones d’autogestion sont autant de pistes pour imaginer une nouvelle manière d’occuper et de partager l’espace.
Exemple : Lieux Communs, une initiative européenne qui repense l’urbanisme par le biais de projets participatifs et éphémères.
Conclusion : Une Réserve pour l’Avenir (Une réserve habitée)
Les réserves habitées ne sont pas simplement des solutions temporaires ou alternatives ; elles incarnent une nouvelle manière de concevoir l’habitat et l’urbanisme, en réponse aux crises écologiques et sociales. Elles offrent un modèle réplicable qui pourrait, demain, transformer durablement notre façon d’habiter les territoires.
Talagrand, M. (2012). «Le potentiel du périurbain». In Masboungi, A. (2012). Projets Urbains Durables, stratégies. Paris: Le Moniteur.
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